Musique : "Les Biches de mer" inclassables !

« Les Biches de mer » ne s’affolent pas de créer une musique jazz aux influences funk, rock et pop sans oublier des références classiques et d’y adjoindre une poésie réaliste, jouissive et légère. Heureusement, car le résultat tel qu’il apparaît jusqu’au 16 février à l’Étoile du nord est plus que séduisant…

Les « Biches de mer » [1]sont un groupe de musique complètement inclassable. Pour partie lié au Théâtre du Maquis, cet ensemble comprend des musiciens venus d’horizons différents mais ayant tous, à un moment ou à un autre, touché au jazz. Il en reste quelque chose, notamment dans leur aptitude à retravailler sans cesse un morceau. La chanteuse, elle, est issue du monde du théâtre. Peut-être est-ce pour cela que c’est elle qui écrit les textes tandis que son frère signe mélodies et harmonies, mais sans les compléter par une orchestration : c’est au groupe entier qu’il revient d’enrichir ces prémisses.

On est étonné de voir combien cette musique complètement authentique, libre et cependant parfaitement agréable à l’oreille car rythmée sans être violente, est en phase tant avec le verbe poétique qui l’accompagne qu’avec le contexte social. Sans jamais avoir l’air d’y toucher. Les chansons parlent aussi bien de la misère que de notre côté moutonnier : on est loin d’un quelconque engagement militant, même si c’est en les écoutant qu’on réalise que si un discours uniquement chiffré et technicien fait fi de la dignité des êtres, l’art la leur rend.

On peut parler de chanson française, on peut même évoquer des références à la musique classique. Rien de tout cela ne dit la profonde originalité et la beauté de l’univers proposé à nos oreilles.

Reste la solution de demander aux artistes, en l’occurrence la chanteuse, quelle est leur démarche ? On apprend alors que les chansons peuvent résulter d’une assonance, d’une idée, d’un détail, d’un état ou d’un sentiment personnel, indistinctement. Mais surtout que si elle aime qu’il y ait du sens dans le texte, il est très important que ce dernier reste léger. Elle n’est pas là pour faire passer un message, et même s’il y en a un, tout doit se dire sur le mode du divertissement. « L’engagement, explique-t-elle, est quelque chose de compliqué, surtout au théâtre. » Et, faisant référence à une de leurs chansons principales : « Être enragé est plus intéressant qu’être engagé, et en même temps pas loin… »

Pierre FRANCOIS