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Foi : Alain Decaux se raconte

samedi 20 octobre 2007, par Pierre François


Chrétien dont la foi n’a jamais vacillé, Alain Decaux [1] est aussi un professionnel qui a réussi dans ses spécialités : l’Histoire et la Francophonie. Portrait.

Robert Hossein et Alain Decaux sont complices depuis 1975 dans la réalisation de grands spectacles populaires. Leur règle est que chaque projet doit être alternativement proposé par l’un et accepté par l’autre. Pour celui sur Jean-Paul II, l’accord a été immédiat, tous deux ayant été fort impressionnés par le pape.

photo YANN DEJARDIN

Après avoir vu l’œuvre du metteur en scène, il n’était pas inutile d’interroger l’académicien et ancien ministre de la Francophonie sur sa façon de théâtraliser l’Histoire. Ainsi voit-on, par exemple, le pape et Gorbatchev s’entendre à Berlin sur les ruines fraîches du mur.

« La rencontre a eu lieu, dit Alain Decaux, mais pas au mur ni au même moment ». Et d’expliquer que Gorbatchev, qui suivait de près l’action du pape, est allé en R. D. A. juste avant la chute, pour faire tomber les dernières résistances des dirigeants est-allemands, puis a rencontré le pape à Rome une semaine après l’évènement. Cette mise en scène est un concentré pour le théâtre d’événements réels mais non spectaculaires. De même, la phrase mise dans la bouche de l’abbé Pierre – « c’est comme si on leur parlait chinois » – a été entendue par une photographe qui était en sa compagnie dans le désert algérien au moment du discours du pape encouragent la chasteté en Afrique. Si on lui demande pourquoi il a voulu faire cette pièce en particulier, il commence par expliquer qu’en tant qu’historien il voulait traiter un sujet historique, et réaliser une biographie qui prête des paroles exactes aux personnages. Puis qu’en matière de christianisme, ils avaient déjà monté « Jésus était son nom » (1999), dont l’énorme succès l’a impressionné. Ensuite, il raconte encore comment ses trois rencontres avec le pape lui ont révélé des facettes diverses de ce géant aux dimensions multiples et comment Robert Hossein et les comédiens de « Jésus était son nom » allant se présenter au pape sont restés deux heures avec lui à discuter de technique théâtrale. Ce n’est que lorsqu’on lui demande quelle est sa vision de l’homme et comment il y est arrivé qu’il aborde le sujet de sa foi.

« Né catholique et baptisé, mon destin était écrit », dit-il en souriant. Ce qui ne l’a pas empêché de découvrir les limitations de la foi de ses parents, ou de se rendre compte que l’enseignement public a été assez tolérant pour lui permettre de suivre sa retraite de communion solennelle tandis que le privé « n’a pas fait de ma fille une chrétienne ».

Sa foi a été nourrie par trois prêtres. Tout d’abord celui qui lui a prêché sa communion solennelle, à Lille en 1936 : l’abbé Lherminez, qui venait en moto et parlait de l’Évangile « de façon géographique », ce qui a mené l’adolescent à s’intéresser à l’homme qui cœxistait avec le Dieu. Il y eut ensuite l’abbé Carré, aumônier officieux de l’Académie française, qui recueillait les confidences de tous. Au moment où, divorcé, il était en froid avec l’Église, sa foi étant préservée, c’est lui qui eut pour lui « une ouverture merveilleuse, au-delà du possible ». Le troisième prêtre à le marquer fut Theilhard de Chardin, à cause du dialogue fécond qu’il instaurait entre foi et science.

Son identité de « catho de gauche » lui permettait-elle de partager des valeurs ou le mettait-elle en porte-à-faux lorsqu’il fut ministre de la Francophonie ? Cette question-là n’attire pas d’autre réponse que le fait qu’en conseil des ministres on ne débat ni ne discute, chacun exposant les problèmes techniques qu’il a à résoudre et où il en est de leur résolution.

Par contre, si on lui demande de donner des raisons d’optimisme aux amoureux de la langue française, il en trouve de nombreuses, au premier rang desquelles la cote d’amour dont le français bénéficie dans les pays francophones africains – instigateurs de l’O.I.F. – comme étrangers, et de citer ces universitaires japonais qui ont cherché quatre ans durant les origines de la chanson de Roland…

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] La photo du pape avec Gorbatchev est de Yann Dejardin.


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