Théâtre : Volpone

« Volpone » [1], de Ben Jonson (1572 – 1637), ami et rival de Shakespeare, est une pièce d’une actualité éternelle. Elle préfigure parfaitement le propos de La Fontaine selon lequel « tout flatteur vit au dépend de celui qui l’écoute », mais avec un rebondissement final savoureux. Elle est ici traitée à la façon d’une farce, donc avec un humour parfois lourd et des personnages dont les caractères sont traités à la hache, tout d’un bloc et sans évolution. Exception faite de l’épouse d’une des victimes de Volpone qui se montre à la fois aussi authentiquement dévote que capable de succomber, le tout joué de façon parfaitement fine.

Le jeu est très théâtral et le maquillage outrancier ainsi que l’utilisation par moments de masques soulignent un style apparenté à la commedia dell’arte. Le caractère figé de la plupart des protagonistes implique que la vigueur de la pièce repose entièrement sur son rythme, heureusement sans faille. Le fait que le majordome de Volpone soit ici une femme est une habile façon de compenser le traitement réservé aux autres, pures potiches.

Pierre FRANCOIS