Théâtre : Ring

« Ring » [1] est une pièce qui aborde le thème inépuisable de la relation de couple. Sans que cela ne mette en cause les autres aspects du spectacle, le décor constitué de projections et de changements de couleur est époustouflant de créativité. Ce face-à-face entre un homme et une femme a la bonne idée de montrer comment la complémentarité entre les sexes n’a jamais été perçue comme telle, depuis les origines : dans le premier tableau Ève tente d’expliquer à Adam qu’elle a besoin de s’épanouir intellectuellement, ce à quoi il lui demande – déjà – « pourquoi faire ? »...

Le texte est drôle et tape juste. Le jeu, sensuel, quasiment chorégraphié. En même temps, on croit complètement au naturel des personnages. Les changements dans les projections permettent de ménager des transitions entre ce qui reste une série de sketchs ; elles rendent du coup le spectacle moins haché que s’il y avait des noirs. Le spectacle aurait certes gagné à être plus resserré au lieu de donner, vers la fin, l’impression de se répéter. Mais certaines scènes sont de vraies trouvailles, ainsi le moment où l’homme essaie en vain de retirer sa jambe prisonnière de celles de sa compagne endormie. D’autres saillies vont plus au fond des choses : « il n’y a pas de famille idéale, il n’y a que des familles qui se mentent ». On s’amuse bien à voir cette femme évidemment « pas comme les autres » négocier avec son alter ego, tout aussi sûrement « exceptionnel » !

Pierre FRANÇOIS