Théâtre : Les Fous du IV bis

« Les fous du IV bis » [1] est un divertissement de bonne facture. Le thème est assez commun – des réunions dans un asile entre soignés et médecin sans qu’on sache qui est qui – mais bien traité et, surtout, l’écriture du texte est à double détente : on trouve régulièrement une réflexion de fond derrière un effet comique. Des formules comme « je souffre bien, ça va, merci » ou « je suis médecin, j’aide les gens à arriver à la mort en bonne santé » en sont des illustrations. La première conséquence de ce double niveau de lecture est que si le spectacle pratique parfois un humour facile, il ne tombe jamais dans le vulgaire alors pourtant qu’un des personnages est un obsédé sexuel.

Si la première scène mélange – à dessein – les cartes plus qu’elle n’expose la situation, le spectacle trouve rapidement son rythme et le public rit de plus en plus. L’humour est efficace et sans dérapage inutile, chaque personnage étant bien campé. On a par exemple une scène lors de laquelle la réplique « aucune culture ! » tourne de personnage en personnage mais ne lasse pas, ce comique de répétition étant parfaitement vraisemblable dans la vie réelle.

On remarque surtout le rôle de l’infirmière, qui gère son monde de main de maître en incarnant pourtant une personnalité au calme proche de la passivité. Celui du médecin, à l’inverse du précédent, est ambivalent : on a pas pu l’identifier dans la scène inaugurale. Les pensionnaires fonctionnent en circuit fermé et au premier abord font croire à des psychologies figées, fait qui rend encore plus puissant l’effet de surprise provoqué par leur évolution réelle face à l’arrivée d’une femme – encore un médecin, mais qui a craqué – dans leur monde clos.

Pierre FRANÇOIS