holybuzz
Accueil du site > Art et Culture > Théâtre > Théâtre : Le Goret en création nationale à Montluçon

Théâtre : Le Goret en création nationale à Montluçon

mardi 16 octobre 2012, par Pierre François


« Le Goret », qui vient d’être créé pour la première fois en France au Centre dramatique national « Le Fracas » de Montluçon, va tourner jusqu’en mai [1]. C’est un texte de l’irlandais Patrick McCabe, avec ce mélange d’humanité, de tragédie et d’absurde propre à la littérature de ce pays. Ici, les proportions penchent en faveur de l’absurde : la pièce narre la difficulté d’un adolescent à devenir adulte à travers un récit marqué par deux des caractéristiques de la folie, l’absence de chronologie et une logique aussi imparable qu’impitoyable.

Johanny Bert, le nouveau directeur du « Fracas » (auparavant « Festin ») de Montluçon, signe ici sa première mise en scène dans ce lieu. Il est connu pour sa façon « parfaitement assumée » d’introduire l’univers de la marionnette dans toutes ses pièces. Mais il ne s’agit pas d’une manie. S’il en parle comme d’une constante dans son inspiration, il maîtrise tous les codes de la discipline au point qu’il peut n’utiliser la marionnette que partiellement ou d’une façon inhabituelle – par exemple en instaurant un dialogue muet entre le comédien et sa propre reproduction inanimée, histoire de figurer la force de la mort – afin de renforcer le message de la pièce.

La mise en scène elle-même est particulière : le comédien (faussement) unique – qui interprète au principal le même personnage adolescent et devenu adulte, et accessoirement ses interlocuteurs – est juché sur un plateau de deux mètres cinquante de côté situé à un mètre soixante du sol. Il va s’y exprimer parfois seul, mais le plus souvent en présence de masques ou d’objets aux identités les plus diverses, tenus par des accessoiristes.

Ce foisonnement d’originalités pourrait inquiéter ceux qui sont habitués à une mise en scène bien cadrée et classique. Ils auraient tort, dans la mesure où tout a un sens de sorte qu’on entre très vite dans l’univers du personnage. Univers de folie, étrange et imprévisible, certes, mais pourquoi pas ? L’absurdité de la situation n’empêche pas les rires complices ni une compréhension psychologique qui va au-delà des mots. On ne voit pas le temps passer et on reste marqué par les interrogations mélancoliques de ce monde fantastique et cruel que le spectacle fait défiler devant nous.

Les dires du metteur en scène

C’est par l’intermédiaire de sa traductrice, Séverine Magois, que Joanny Bert explique avoir connu ce texte – « Frank Pig Says Hello » – de l’auteur contemporain Patrick McCabe. Il a tout de suite été touché par cet enfant monstrueux qui raisonne comme si tout était toujours possible et ne sait pas comment devenir adulte.

S’il a pris l’option d’une mise en scène fantastique, c’est parce que tout était écrit pour une vingtaine de personnages mais qu’il a décidé de les faire interpréter par un seul acteur qui se trouve face à ses souvenirs. Cela l’amène à avoir des souvenirs intacts – qui ont encore la marque de la réalité et de la précision – et d’autres plus flous – qui deviennent déformés ou oniriques.

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] « Le Goret » (« Frank Pig Says Hello »), de Patrick McCabe, traductrice Séverine Magois. Avec Julien Bonnet (comédien), Stéphanie Manchon, Jean-Jacques Mielczarek et Morgan Romagny (manipulations sonores et techniques). Mise en scène : Joanny Bert, assisté de Thomas Gornet. Au Fracas de Montluçon jusqu’au 18 octobre, à Yzeure Espace le 23 octobre, au théâtre de Cournon d’Auvergne le 27 octobre, Théâtre des Célestins à Lyon du 20 novembre au 1er décembre, Centre dramatique national de Besançon Franche-Comté du 5 au 7 décembre, Comédie de Valence du 18 au 21 février, scène nationale de Dieppe le 9 avril, biennale internationale des arts de la marionnette à Paris en mai 2013.


Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP | squelette