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Théâtre : La guerre n’a pas un visage de femme.

mercredi 18 avril 2012, par Pierre François


« La Guerre n’a pas un visage de femme » [1] est d’abord un document russe de plus de quatre cents pages dans sa traduction française, compilation réalisée par Svetlana Alexievitch de témoignages de femmes ayant combattu sous l’uniforme soviétique durant la dernière guerre.

L’auteur n’en est pas à son coup d’essai, elle a aussi écrit, selon le même principe, Cercueils de Zinc (1990) sur la guerre russo-afghane et La Supplication - Tchernobyl, chronique du monde après l’apocalypse (1997), qui lui a valu la célébrité et les honneurs mais est encore interdit en Biélorussie.

Cécile Canal – qui fait partie de celles qui croient que l’utopie d’aujourd’hui est la réalité de demain – a adapté La Guerre n’a pas un visage de femme pour le théâtre et déjà obtenu pour ce spectacle le coup de cœur de la Licra lors du festival Off d’Avignon en 2009 et les lauriers du festival Solo coup de chapeau en 2010, à Toulouse. Elle le donne désormais au Guichet Montparnasse jusqu’au 15 juin.

Sur un sujet austère pour ne pas dire dramatique, la comédienne parvient à insuffler autant d’humanité que d’émotion, toujours avec pudeur et une sobriété remarquable. Elle joue toutes ces femmes qui se livrent, et parfois aussi leurs interlocuteurs.

Le propos est très concret, il s’agit de dire l’émotion de celle qu’on croyait avoir perdue, la relation de confiance instinctive avec un cheval, le premier mort, le blessé qui dit de le laisser sans s’attarder, les vêtements qui n’étaient pas de la bonne taille, une promiscuité qui poussait certaines à devenir épouse de campagne pour obtenir un minimum de protection, l’émotion le jour où on a laissé repousser ses cheveux et enfilé de nouveau une robe...

On ne peut alors qu’être touché par les multiples témoignages exprimés. Si le spectacle comporte un nombre important de noirs pour séparer les tableaux et établir la transition entre les différents personnages, le spectateur n’est pas pour autant perdu. En effet quelques femmes (deux sœurs, une vieille) réapparaissent régulièrement, constituant ainsi une trame pour le reste des récits. Et, surtout, même si parfois quelques-unes se ressemblent un peu, chacune de ces anonymes est complètement habitée.

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] « La Guerre n’a pas un visage de femme », d’après le récit de Svetlana Alexievitch. Avec et mis en scène par Cécile Canal. Mercredi et vendredi à 19 heures jusqu’au 15 juin au Guichet Montparnasse, 15, rue du Maine, 75014 Paris, tél. : 01 43 27 88 61.


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