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Théâtre : La Machine à explorer le temps

vendredi 2 novembre 2012, par Pierre François


« La machine à explorer le temps » [1], d’après le livre d’Herbert Georges Wells est une pièce de théâtre magique à plus d’un titre.

Elle cultive d’abord l’étrangeté de son origine en tant qu’adaptation d’une œuvre de science fiction. Un des comédiens est récitant, puis récit lui-même, qui se met parfois à dialoguer avec le héros. Lequel est le plus souvent muet, mime parfait du conte fait à ses côtés. De temps en temps, comme pour affirmer l’unité des deux, l’un et l’autre offrent une synchronisation parfaite de leurs gestes.

On ne peut pas ne pas parler du décor, structure gonflable par compartiments qui se déforme et se reforme au fur et à mesure que le récit nous emmène de lieu en lieu, et qui est parfois escaladée. La structure donne la forme, l’éclairage qui tombe dessus complète l’identité de l’évocation, on est réellement en pleine science-fiction. La musique complète cet ensemble et achève de lui donner à la fois un caractère d’étrangeté et d’humanité.

Dès la première minute, une ambiance est construite, qui perdure jusqu’à la fin du spectacle. On est pris par le suspense, on est sidéré par la clarté avec laquelle est expliquée la notion d’espace-temps, on apprécie les questions humaines soulevées l’air de ne pas y toucher – par exemple à l’occasion de répliques comme : « quand tout va bien, on est bête et quand tout va mal on devient des bêtes » ou « il n’y a pas d’intelligence là où il n’y a pas de changement » – , on croit complètement à cette folle épopée, on se prend d’empathie pour le héros. Pour un peu, on partagerait ses aspirations et vaincrait avec lui ses épreuves. Au passage, les amoureux de notre langue relèveront qu’on y dit que « la lune est gibbeuse [2] », expression devenue rare alors qu’elle est d’une parfaite précision.

Si ce spectacle se destine d’abord aux plus jeunes à partir de neuf ans, leurs aînés et parents y trouveront aussi leur compte. Car ce spectacle féerique et déconcertant se laisse voir comme « Le Petit prince » se laisse lire : chaque âge y trouve une nourriture, que ce soit à travers l’ambiance magique pour les plus jeunes, la vulgarisation scientifique pour l’âge des grandes curiosités ou les questions humaines éternelles pour les plus expérimentés.

Le jour et la nuit

« l’Enfant au grelot » [3], au théâtre des Nouveautés, témoigne du fait qu’hélas l’évolution qualitative des spectacles enfantins n’est pas générale. On est ici mis devant une succession de tableaux sans qu’une ambiance ait été construite. C’est gentil et plein de bon sentiments. On s’ennuie et ce n’est pas un service à rendre à la jeunesse que de lui faire accroire que le théâtre, c’est cela. Ce n’est pas avec de tels spectacles qu’on donnera envie aux enfants de revenir au théâtre une fois devenus adultes.

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] « La Machine à explorer le temps », d’après le chef d’œuvre d’H. G. Wells. Avec Sydney Bernard et Thierry Le Gad. Musique : Chapelier fou. Jusqu’au 17 mars (dates fluctuantes, téléphoner) au théâtre de l’Alhambra, 21, rue Yves Toudic, 75010 Paris, tél. : 01 40 20 40 25, métro République ou Jacques Bonsergent.

[2] Pour le Trésor de la langue française, le mot vient du bas latin « gibbosus », bossu, et désigne des reliefs inégaux et arrondis.

[3] « l’Enfant au grelot », d’après le film de Jacques-Rémy GIRERD. Livret Pascal JOSEPH. Direction musicale Eric MELVILLE. Jusqu’au 13 janvier au théâtre des Nouveautés, 24, boulevard Poissonnière 75009 Paris, tél. : 01 47 70 52 76.


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