Théâtre : Dracula, mon histoire.

« Dracula, mon histoire » [1] est une conférence faite sur l’état du vampirisme au XXIe siècle. Par le Comte Dracula lui-même. Évidemment, cela n’est qu’une annonce et le contenu est bien différent ! Et aussi comique que le titre se donne un air austère. C’est simple : on rit en moyenne toute les vingt secondes durant les cinquante minutes que dure la pièce. À ce stade-là de drôlerie, cela devient un spectacle qui devrait être remboursé par la sécurité sociale ! Fin du fin, le rire n’est jamais vulgaire.

En effet le ressort principal de la pièce est la concurrence existant entre les deux assistants du comte – qui se prennent tous deux pour des comédiens de grande envergure – à vouloir tenir le rôle-vedette dans la narration de la vie de leur maître. Comment font-ils pour ne jamais basculer dans la caricature ? Peu importe, c’est leur talent.

Toujours est-il que dans la mesure où les transitions sont aussi soignées que les sketches eux-mêmes, tout coule de source, sans accroc, de sorte qu’à aucun moment l’attention du spectateur n’a le temps d’être distraite par quoi que ce soit. Il y a en prime un moment où une spectatrice est invitée à monter sur scène – attention à la place qui se trouve au bout du rang en face des marches ! – et, contrairement à une (mauvaise) habitude assez générale dans ce cas, elle n’est pas mise en boîte par les comédiens.

Le spectacle est, on l’aura compris, construit comme une suite de saynètes ayant pour seuls caractères communs de concerner le comte, de se dérouler sur un rythme d’enfer et d’avoir pour trame une jalousie d’acteurs. On est pratiquement dans un spectacle de cabaret, mais dans lequel les personnages sont réellement habités, autrement dit du cabaret de haut vol ou du théâtre de divertissement parfaitement réussi, on peut le dire des deux façons...

Pierre FRANCOIS