Musique : Soldat Louis, de Kingdom Tavern à sa tournée

Soldat Louis a sorti un nouveau disque compact [1] et est en tournée. On y retrouve les accents rugueux et tendres de qui connaît le monde maritime, ses dangers, ses beautés, et les paradoxes de l’âme humaine.

En ouverture des dix pistes, on reconnaît Fils de Lorient déjà offert au public lors du concert à l’Olympia, qui dit toute une identité fière autant qu’aventureuse. El la musique marie les instruments traditionnels aux modernes.

Sur une mélodie plus tendre, la voix cassée et rugueuse entame Ils sont des nôtres pour célébrer les hérauts de propos de comptoir. Car tu n’es plus la proie mais la cour /De ce roi des c... qui te les casse.

Sur nos drakkars, les voiles /Claquent sous les rafales, dit la troisième chanson, et la musique suit le rythme accéléré de ces guerriers impatients découvreurs d’inconnu, qui veulent toujours avancer sans ce retourner. Tandis que le chant allonge les syllabes comme pour retenir cette fuite.

C’est sur un tempo marqué et dans un style sobre que s’égrène un des airs les plus touchants de cet album. Dans un vocabulaire à la familiarité contrôlée est livrée une hymne à l’humanité saline, depuis les marins (Chantons la mer, et même les hommes /Au moins pour ce qu’ils ont de meilleur) jusqu’à leurs compagnes (Saintes ou salopes, elles nous supportent /Gloire à leurs charmes), fussent-elles de dérive (les bars de nuit, les matins blêmes). Mais celle qui doit être célébrée par dessus tout est le bonheur que les femmes offrent : la vie qui est telle qu’on se ressemble.

Dépêche à la ligne est la confidence du marin. Le spleen des jours sans rêve, la peur du grand bain, l’affiche dénudée épinglée dans la cabine, toutes ces choses cachées aux aimées et qu’il est inutile de leur avouer puisque c’est leurs corps les plus forts et que c’est à elles qu’on pense quand on prie.

Dans Les rebelles sont fatigués l’équilibre entre la voix et les instruments est toujours aussi bien respecté. La musique est entraînante, le propos tient de la contestation et de la méditation politique. Aujourd’hui c’est en lavallières /Que des bobos chantent la misère. Alors, c’est à la révolte que Soldat Louis invite, même s’il sait n’être pas meilleur qu’un autre.

Kingdom Tavern Cyber adopte un style très rock. Phrases courtes, musique enlevée, on est dans un cri qui renoue avec les sources rythmées du genre pour en dénoncer la décadence : l’barman est stone /le chanteur aphone /Tout le monde s’en fout... Et dans l’tuner, c’est David Guetta et Mylène Farmer.

Suit une mélodie rythmée et chantante. C’est que la route pêche en basse-cour, embarquer une Peggy peroxydée dans des nuits coquines reste toujours un défi aussi excitant, même si on se dit – mais en vain – fous lui la paix, mets-la en berne et que la tôlière, c’est tout sauf Miss France...

La p’tite perle est comme une confidence méditative de celui qui veut revenir à l’essentiel aux jours de solitude. Parce que plus ça va plus je l’aime, la p’tite qui m’enchaîne...

En conclusion de cet album marqué par une franchise de mâle, Soldat Louis offre un air instrumental de trois minutes, qui récapitule toutes les ambiances traversées, avec une insistance sur le sentiment, seul vrai capitaine de la marche du monde, même quand il s’avance masqué, rocailleux ou coupant pour éviter les chausse-trapes de la vie...

La tournée

La tournée de Soldat Louis fera étape le 22 Février à Saint Avold (57), le 23 à Niederbroon les Bains (67), le 7 mars au Hublot de Nancy (54), le 27 avril à Nesle (80), le 10 mai à Plainfaing (88), le 11 à Nendaz (CH), le 17 à Riaz (CH), le 21 juin au Château Masburel de Fougueyrolles (33), le 28 à Cerizy Belle Etoile (61), le 29 à Douarnenez Tréboul (29), le 5 juillet à Saint Prouant (85), le 6 à Saint Servan sur Oust (56), le 12 à Rilhac Rancon (87), le 14 à Saint Pol de Léon (29), le 28 au festival de Cornouaille de Quimper, le 10 août à Sélestat (67), le 17 au festival des filets bleus de Concarneau.

Pierre François