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Théâtre : vingt quatre heures de la vie d’une femme

mardi 25 novembre 2008, par Pierre François


« Vingt-quatre heures de la vie d’une femme » [1], de Stefan Zweig, est une longue confession tout à fait bien servie par une paire de comédienne dont l’une cumule avec bonheur les rôles de servante, de confident et de violoncelliste.

L’attente se fait directement dans la salle de spectacle (en raison de travaux dans le foyer), accompagnée par une musique étrange que le metteur en scène a voulu être un pot-pourri des différents lieux évoqués par la suite dans la pièce, mais dont les bruits de cavalcade ou de court-circuit font aisément passer pour une recherche hyper contemporaine fatigante. Cette impression peut être renforcée par la présence sur scène d’un meuble mi-banquette mi-canapé de facture à l’évidence tout aussi contemporaine, le seul élément de style réellement ancien étant le service à thé Louis-Philippe. On est donc quelque peu surpris de voir arriver des personnages en costume du XIXe siècle…

Le texte qui commence la pièce est une adresse au public, qui est joué avec tant de persuasion qu’on en est réellement surpris. Suit alors le récit de cette femme qui explique comment, veuve, elle est vingt-quatre heures durant tombée amoureuse de la conviction qu’elle pouvait sauver un jeune désespéré du suicide.

On est clairement suspendu à son propos, on la suit dans ses allusions, confidences et confessions, à tel point qu’on se laisse surprendre avec elle par le résultat auquel elle parvient. Sa partenaire parvient à merveille à enfiler ses différents rôles (dont le seul caractère commun est d’être presque muets) sans changer de costume. De ce point de vue, la pièce est tout à fait réussie.

Le texte, par ailleurs psychologiquement très fort, est traduit de fort belle façon. On jouit à ouïr une concordance des temps parfaite, mise au service de mots justes. Voilà, par exemple, un événement « tombé dans [ma] vie comme une pierre du haut d’une corniche ». Dont elle peut désormais parler sans crainte, mais avec pudeur et humour, puisque « vieillir n’est au fond pas autre chose que de n’avoir plus peur de son passé ».

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] « 24 heures de la vie d’une femme », d’après Stefan Zweig. Avec Laure Meurisse et Mona Lou (également au violoncelle). Mise en scène : Freddy Viau. Du mardi au jeudi à 20 heures jusqu’au 6 novembre au théâtre Essaïon, 6, rue Pierre-au-lard, 75 004 Paris, M° : Rambuteau, Hôtel de ville. Places à 20 € (T.R. : 15 €). Tél. : 01 42 78 46 42.


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