Théâtre : quel cirque, la vie.

À force de se fréquenter, les gens se marient. Il arrive que des troupes théâtrales fassent de même, au moins provisoirement. Et le pedigree de ces deux-là est tel qu’on en attend le meilleur.

En effet, c’est en novembre 2007 que Bruno Thircuir donnait Et si l’homme avait été taillé dans une branche de baobab, spectacle magique inspiré du livre Désert de Le Clézio. Tout en finesse ce spectacle ne traitait pas de façon simpliste de l’immigration mais du destin d’une jeune fille qui court après ses origines.

En décembre 2008, il monte Niama-Niama : le secret des arbres à partir de contes africains et « Kaïna Marseille, spectacle aussi poétique que dur qui reprend le thème de l’émigration.

En juillet 2009, ces deux pièces sont au festival d’Avignon, côté Villeneuve puisqu’il s’agit de spectacles itinérants.

Et en ce moment, c’est Tour Babel [1]qui arrive à l’Atelier du Plateau, après que son directeur ait été s’immerger dans un quartier pauvre de Grenoble, pour rédiger un texte le plus fidèle possible par rapport à la réalité.

Si pour ce spectacle les troupes de La Fabrique des petites utopies (Grenoble, Bruno Thircuir) et de l’Atelier du Plateau (Paris, Matthieu Malgrange) ont uni leurs efforts, les inspirations de fond restent les mêmes, au premier rang desquelles l’Afrique, une façon poétique de dire la réalité de la vie et le thème de l’émigration (pris dans un sens qui transcende les simplismes partisans).

Car si la petite scène de l’Atelier du Plateau, excentrée, est plus connue des initiés que du grand public, c’est fort dommage poru tout le monde. On se souvient notamment de Solinge, qui a su aborder de façon clinique et magistrale le thème du viol, sans voyeurisme aucun.

Aussi peut-on exceptionnellement prendre le risque (ce que je ne fais en principe jamais) de recommander un spectacle pas encore vu. Car les deux troupes sont inspirées et ont le même souci de l’engagement social autant qu’artistique. Enfin, elles ont plusieurs fois déjà fait leur preuves.

Pour cette nouvelle pièce, non seulement elles s’unissent mais recourent par ailleurs aux talents de circassiens et à ceux des amateurs formés par la Fabrique des petites utopies. On est d’autant plus impatient de contempler le résultat qu’on sait que le spectacle ne se donnera que du 4 au 20 décembre...

Pierre FRANCOIS