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Théâtre : pièce pour courageux...

jeudi 8 mars 2007, par Pierre François


Un p’tit jardin sus l’ventre et Le Maître de Santiago sont deux pièce diamétralement opposées mais qui ont en commun un débat : celui sur l’autorité. Car là où le poilu se révoltera, la fille se soumettra à un père devenu gourou au nom d’une pureté à atteindre.

Un p’tit jardin sus l’ventre [1] est la chronique de la vie dans les tranchées de 14-18. Si la pièce a du mal à démarrer et si l’accent gouailleur de l’interprète est prononcé an point d’indisposer, le récit finit par s’imposer, et sa poésie avec. Car, et c’est ce qui fait la valeur de cette pièce, elle est traversée par une poésie indiscutable. Faite de douleur mais aussi de dérision, et de beaucoup de sincérité. On sent, derrière la mise en forme humoristique, le recours aux documents authentiques, qui donnent force et puissance au récit.

Autant le personnage du p’tit jardin sus l’ventre s’impose de façon concrète et charnelle, autant Le maître de Santiago [2]offre des figures certes tout à fait crédibles et bien joués, mais qui ne sont que des thèses vivantes, jusque dans leurs comportements. Et Patrice Le Cadre donne ici une vision de la religion éthérée à un point qui l’aurait sans doute conduit au bûcher en d’autres temps.

Mais il n’est pas seul à traiter ainsi ses personnages. On a le même sentiment à la vue de Après Pasolini : politique fiction [3]. Ici, ils deviennent vecteurs de considérations sur l’art, la place de l’artiste, le marxisme et – le parallèle est frappant – l’emprise du maître qui se prend pour le Christ auprès de son disciple. Que le rameau militant du théâtre ressurgisse est plutôt une bonne chose, mais pourquoi déshumaniser les personnages ? Et comment peut-on entendre, dans une société dite de l’information, que le Vatican veut que les pauvres le restent et qu’il leur offre en consolation un accès facilité au paradis ! Il est urgent d’offrir à Adel Hakim un abonnement groupé à France catholique, Document épiscopat, La Documentation catholique, et de lui donner l’adresse de ce site.

Quant au meurtre de la princesse juive [4], il n’y a rien à y comprendre sinon que la pièce est traversée par les amours malheureuses d’hétéros comme d’homos ou de lesbiennes (mais pas de bi ou transexuels, comme quoi ceux qui s’affichent tolérants ne le sont pas tant que cela). Durant près de trois heures, on nage en plein nihilisme. Mais il est bien que chacun puisse s’offrir le bonheur de son choix.

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] Un p’tit jardin sus l’ventre, contes de tranchées, de et mis en scène par Jean-François Maurier. Avec Gilles Berry. Du mardi au samedi à 18 h 30 jusqu’au 7 avril, au Lucernaire, 53, rue Notre-Dame des champs, Paris-6e, M° : Notre-Dame des champs, Vavin, Raspail. Places à 30 € ; TR (sf sam et fêtes) : 15 €, CV : 20 €. Tél. : 01 45 44 57 34.

[2] Le maître de Santiago, de Henry de Montherlant. Avec Cécile Descamps, Dominique Delaroche, Benoit Dugas, Jean-Luc Jeener, Thomas Lequesne, Bernard Mallek, Jean-Lulc Mingot, Michel Parent, Sophie Raynaud. Mis en scène par Patrice Le Cadre. En alternance jusqu’au 10 juin. Au Théâtre du Nord-Ouest, 13, rue du faubourg Montmartre, Paris-9e, M° : Grands Boulevards. Places à 20 €, TR : 13 €, passeport pour les 39 pièces : 80 €. Tél. : 01 47 70 32 75 ; www.TheatreDuNordOuest.com

[3] Après Pasolini : politique fiction, de et mis en scène par Adel Hakim. Avec Chad Chenouga, Malik Faraoun, Louise Lemoine Torrès. Du lundi au samedi à 20 heures jusqu’au 24 mars au Studio Casanova, 69, avenue Danielle Casanova, Ivry, M° : Mairie d’Ivry. Tél. : 01 43 90 11 11.

[4] Le meurtre de la princesse juive, comédie planétaire, d’Armando Llamas. Avec Naidra Ayadi, Jean-Pierre Becker, Dominik Bernard, Elise Bertero, Sarajeanne Drillaud, Nathan Gabily, Benjamin Guillard, Audrey Lamy, Matthieu Marie, Guillaume Marquet, Solveig Maupu, Alix Poisson, Alexandrine Serre, lis en scène par Philippe Adrien. A la Cartoucherie de Vincennes, théâtre de la Tempête, tél. : 01 43 28 36 36.


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