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Théâtre : expérimental

mercredi 12 décembre 2007, par Pierre François


Après trois ans de travaux, le théâtre du Merlan [1]rouvre ses portes. Situé dans un quartier où les taxis hésitent à venir à la nuit tombée (mais les personnels du théâtre qui se sont fait agresser l’ont été en centre-ville, jamais ici) entre une rocade, un local de P.M.I. et un centre commercial, il compte bien drainer là tout Marseille.

En effet, les trois ans de travaux n’ont pas été inactifs. Devenu nomade, l’équipe du théâtre est allé jouer dans toutes sortes de lieux tous genres de spectacles. Certains sont encore dans les mémoires de sorte que pour celui de réouverture, ce sont 1200 personnes qui ont été accueillies, non pas dans la salle du théâtre dont la jauge est inférieure à 400 places, mais au stade vélodrome de la ville. Là, un comédien mimait Platini lors du match France-Allemagne de 1982, en présence de Michel Hidalgo, le commentateur de l’époque ayant retrouvé son micro. Le choix de cette performance inaugurale est parlant quant aux priorités du théâtre : le corps tient une place prépondérante dans la programmation du lieu. On y trouve en effet cette année deux spectacles de danse, une pièce sur l’éloge du poil, une autre qui met en scène des moments comme l’endormissement, les pleurs ou le chant, une troisième sur nos monstruosités...

La seconde priorité est de poursuivre le vagabondage qui a été celui de l’équipe durant ces trois dernières années, mais en même temps qu’elle va vers le public celui-ci est invité à s’approprier le théâtre comme un de ses lieux de vie. Cela peut se traduire par la participation à des performances interactives qui durent toute une nuit. C’est le cas de Öngel, qui met les spectateurs en présence d’un tas de cartons après leur avoir fourni ciseaux et ficelle, et qui consiste pour ces derniers à construire ce qu’ils veulent qui puisse s’intégrer dans une ville.

La troisième priorité, qui découle de la seconde sur un mode néanmoins moins surprenant, est la création d’un corps de spectateurs associés. Comme certains théâtres ont en leurs murs des « artistes associés », ce sont ici les spectateurs qui sont invités à jouer le rôle de sage-femme pour spectacle, en trouvant des lieux de représentation (on vagabonde toujours), en écrivant sur la ou pour la programmation du Merlan, en se faisant intermédiaire entre les spectateurs et les artistes. Il y a les « gens du spectacle », remarque l’auteur du carnet de vagabondage sur la période 2005-2007, il doit y avoir aussi les « gens du public ».

Ce serait un truisme que de prétendre que cette vision du spectacle et de la relation entre l’artiste et le spectateur est expérimentale. Mais le théâtre du Merlan n’a pas été confié à n’importe qui. Nathalie Marteau a déjà eu la direction du théâtre de Mont St Aignan et elle ne va maintenant appliquer que ce que son expérience lui a enseigné. Alors, même le plus dubitatif des spectateurs devra lui rendre cette justice : elle sait exactement où elle veut aller et comment. C’est en général plutôt bon signe…

Pour ceux qui voudraient juger sur pièce, les festivités de réouvertures vont se terminer avec deux spectacles aussi originaux que ceux déjà évoqués : « Les égarés » [2], de Pierre Meunier, sur ceux qui tracent leur propre chemin de vie en dehors des autoroutes proposées, mais ne sont pas perdus pour autant et « Le Banquet » [3], de Jeanne Mordoj, qui convie à venir manger ce qui reste du repas de Noël 2006.

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] Théâtre du Merlan, Scène nationale à Marseille, BP 153, Avenue Raimu, 13307 Marseille Cedex 14, Tél. : 04 91 11 19 20, fax : 04 91 11 19 39, merlan@merlan.org, www.merlan.org.

[2] Les Egarés, de Pierre Meunier, 11, 12 et 13 décembre à 20 h 30

[3] Le Banquet, de Jeanne Mordoj, 15 décembre à 20 h 30.


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