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Théâtre : effroyables jardins

jeudi 7 janvier 2010, par Pierre François


« Effroyables jardins » [1] est au départ un livre de Michel Quint paru en 2000, avant de devenir un film réalisé par Jean Becker en 2003, avec Jacques Villeret, André Dussolier, Thierry Lhermitte, Benoît Magimel, Suzanne Flon, Isabelle Candelier, Damien Jouillerot, Bernie Collins et Michel Cordes.

C’est aujourd’hui, grâce à l’adaptation et la mise en scène de Marcia de Castro (qui connut le contexte des prises d’otages au Brésil dans les années soixante-dix) un seul en scène interprété par André Salzet.

Ce dernier en effet raconte l’histoire connue de ces jeunes qui font sauter un poste d’aiguillage durant la dernière guerre pour épater une fille, pris par ironie du sort en otage, maintenus humains par les grimaces d’un soldat clown allemand et sauvés par le cheminot qu’ils ont grièvement blessé dans l’explosion, lequel se dénonce comme auteur de l’attentat sur son lit de mort.

Ce qui frappe, dans le jeu du comédien, est d’abord ce mélange parfaitement équilibré entre distance (il raconte une histoire qui n’est pas la sienne mais celle de plusieurs autres) et authenticité (on croit immédiatement à chacun des sentiments de chacun des personnages évoqués), le tout étant coiffé par une humanité palpable.

Cette dernière n’est d’ailleurs le monopole de personne, ce qui donne une valeur encore accrue au devoir de mémoire du père : on ne rappelle pas la saga héroïque de l’ancêtre, comme c’est le cas dans tous les récits depuis les débuts de l’humanité, mais l’humanité incroyable qui a plané sur le sort de deux jeunes qui n’avaient que les défauts de leur âge à une époque où le moindre acte pouvait avoir des conséquences mortelles.

Du coup, cette pièce devient aussi un spectacle sur les apparences trompeuses qui sont induites par un uniforme, un silence, une situation…

La langue de l’auteur mélange habilement tournures littéraires et patois du nord, langage oral et introspection, en y ajoutant un style qui manie volontiers le raccourci aussi saisissant que parlant : « bourré de reconnaissance liquide et ivre par devoir », par exemple. On est captivé dès la première seconde.

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] « Effroyables jardins », de Michel Quint, adapté et mis en scène par Marcia de Castro. Avec André Salzet du mardi au samedi à 18 h 30, dimanche à 15 heures jusqu’au 24 janvier au Lucernaire, 53, rue Notre-Dame des champs, Paris-6e, M° Notre-Dame des champs, Vavin. Tél. : 01 45 44 57 34.


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