Théâtre anglo-québécois : Cette fille-là.

Pour "cette fille-là" [1], l’auteure part d’un fait divers : une fille battue à mort par un « gang » de jeunes-filles mineures et d’un garçon majeur. Unité d’action, une co-élève Adrienne humilie et torture une fille choisie parce qu’il en fallait bien une « le jour de la punition », comme souffre-douleur,Sophie. Unité de lieu : un îlot québécois. La réalité devient mythe par la durée, le temps va du primaire au collège (dans les références françaises), car ce qui n’aurait dû n’être qu’une passade devient systématique, inéluctable, buté, « tragédie implacable » pour que le « destin » de Sophie » rejoigne « les destins obstinés » des Antigones ou Médées, etc.

Prendre un fait divers et le théâtraliser est un genre, illustré notamment par Marguerite Duras. Là, la langue québécoise, les anglicismes de teenagers et surtout l’accent tonique jouent le rôle de la déclamation pour nous parler d’un monde à la fois nôtre et d’ailleurs, énergie canadienne de la nature, sang rouge de nos coups de sang.

Cette torture mentale mais surtout physique qui passe inaperçue plusieurs années durant me semble peu crédible, mais elle a besoin de cette durée pour préparer et atteindre la fin destructrice de Sophie, avec un bel épilogue onirique de la narratrice – témoin.

Ce soir-là, il y avait une classe de collégiens et c’était heureux, car il y a message. Ce spectacle se passe sur un débarcadère, racontée par une témoin sous l’influence de la tortionnaire, il me rappelle ces théâtres ambulants, « théâtre d’intervention », en Afrique ou en Amérique du Sud, là sur la cruauté enfantine et la violence entre élèves, là-bas plutôt sur le « Féminisme » ou le Sida.

Jean-Louis HILLION