Théâtre : Venise sous la neige

Quoique l’attente se fasse debout en plein air et que l’on doive compter une cinquantaine de places réellement bien placées sur les 260 que contient la salle (d’où la nécessité d’arriver en avance et d’attendre d’autant plus longtemps), Venise sous la neige [1]est une pièce au succès persistant.

Certes, dans les débuts les effets comiques utilisent toujours les mêmes ressorts, ceux de l’histoire que l’on s’invente face au silence de l’interlocuteur et des dialogues en aparté à la faveur des sorties. Mais il ne s’agit que de la mise en place d’une évolution qui s’amorce doucement. Vases communicants entre les humeurs des deux couples en présence, description pertinentes des psychologies masculines et féminines, mensonge aux autres et à soi-même, toutes ces réalités sont là pour servir un rire de bon aloi. Pourtant, ceux qui aiment réfléchir y trouveront aussi matière à méditer sur le mensonge, ses complicités et ses victimes dans un monde au fonctionnement épidermique. La scène des dons n’est hélas à cet égard que peu caricaturale…

On croit d’autant plus facilement à la caricature de ces personnage qu’on en compte tous des exemples dans nos familles. Et on éprouve une certaine tendresse pour chacun d’eux, car ils sont tous un peu nous.

Pierre FRANCOIS