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Théâtre : Roméo et Juliette

vendredi 10 mai 2013, par Pierre François


La compagnie de « La Tour Vagabonde » et son Roméo et Juliette [1] font partie des histoires qu’on aime relater.

« La Tour Vagabonde » d’abord.

Il y a plus de 15 ans, une troupe de théâtre suisse fait construire à l’échelle ½ le Théâtre du Globe, lieu londonien historique des créations de Shakespeare. À son époque, le public était debout pour assister aux pièces, aujourd’hui il est assis, ce qui explique qu’une réplique moitié plus petite suffise pour une exploitation contemporaine. Vendu à une autre compagnie, puis abandonné, ce théâtre circulaire en bois est racheté par ses concepteurs.

Restauré avec l’aide d’une fondation ad hoc, il rouvre en 2005.

Depuis, cette structure de 12 mètres de diamètre et 10 mètres de haut comportant deux étages de galeries, en plus du parterre est démontée et remontée à la demande des lieux qui veulent l’accueillir. Elle est actuellement sur un terre-plein proche de la Cité Internationale des Arts, à Paris (métro Pont-Marie).

Le Roméo et Juliette qui y est actuellement donné est fort intéressant et de toute beauté.

L’intérêt vient de la reconstitution de l’atmosphère théâtrale du temps qui échappe néanmoins à l’écueil de l’archéologie théâtrale. Les chaises qui grincent, les bruits provenant de l’extérieur ou les chuchotements des spectateurs s’étonnant de telle ou telle option de mise en scène, tout cela rappelle le lieu de vie sans code ni gêne qu’était le théâtre du temps de Shakespeare (et jusqu’à celui de Molière en France).

La pièce est millimétrée dans sa mise en scène, non seulement dans le réglage des duels – qui prennent ici la forme de batailles d’apparence confuse – ou des bals, mais aussi pour le tempo des entrées et sorties ou le flou entretenu sur la notion de frontière entre scène et salle, car il est fréquent que les comédiens utilisent des espaces habituellement attribués au public.

Le jeu est aussi familier que le texte est littéraire, ce qui correspond à l’aptitude qu’avait le grand William à glisser une grivoiserie dans une phrase anodine.

Les personnages féminins, mais ce n’est pas une surprise dans cette pièce, sont mieux mis en valeur et plus mûrs que leurs correspondants masculins, n’étant l’ambiguïté pratiquée – et très bien jouée – par Lady Montaigu. Le frère Laurent joue à merveille le rôle du sage mi-savant mi-opportuniste qui tente de se mettre au service d’une cause qui le dépasse – créer la paix entre les deux familles – en dépit du peu de maturité des jeunes héros qui y parviendront bien malgré eux.

C’est un plaisir de voir qu’ici aucun rôle n’est mineur et que tous sont joués sans une seconde d’interruption, qu’ils soient à l’avant-scène ou non.

On est par ailleurs dans un spectacle très festif, de sorte que lorsqu’un des comédiens invite le public à chanter avec lui ce dernier réagit immédiatement. Comme si la fougue, la jeunesse, la fraîcheur et la passion des deux héros étaient passées dans le public.

Un spectacle si réussi qu’il est question de le prolonger jusqu’au 14 juillet. Même si mieux vaut le voir avant fin juin, pour le cas où un impondérable s’y opposerait...

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] « Roméo et Juliette », de Shakespeare. Avec Géraldine Azouélos, Baptiste Belleudy, Axel Blind, Jonathan Bizet, Gaspard Caens, Raphaëlle Cambray, Laurent Evuort, Sylvy Ferrus, Clémence Fougea, Thomas Gauthier, Jean-Luc Giller, Paul Gorostidi, Anne-Solenne Hatte, Robin Laporte, Bernard Métraux, Sylvain Mossot, Françoise Muxel, Stéphane Peyran, Dominic Rouvillé, Federico Santacroce, Jean-Laurent Silvi, Louis Yerly. Mise en scène : Baptiste Belleudy. Du mardi au samedi à 20 heures, dimanche à 15 heures à la Cité internationale des arts, 18, rue de l’Hôtel de Ville, Paris 4e, tél. : 01 42 78 71 72, métro : Pont-Marie, www.lesmillechandelles.com.


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