Theâtre : "Rhinoceros" ou du Ionesco compréhensible

Rhinocéros [1]est à la fois une nouvelle et une pièce de Ionesco. La première se termine par la tentation du suicide, la seconde par un acte de résistance contre la barbarie fauve qui envahit la ville. Depuis qu’il a eu à jouer la nouvelle devant d’anciens résistants, Jean-Marie Sirgue a ajouté la chute de la pièce à son spectacle qui, à l’origine, ne comportait que le texte intégral de la nouvelle.

Pour une fois, on tient là du Ionesco compréhensible. Ces testes sont une protestation contre toutes les dictature, la plus facile à identifier étant la nazie. Le comédien nous fait entrer d’emblée dans cette fable écrite dans une langue pure et non dénuée d’humour, surtout lorsqu’est évoqué le thème de l’alcoolisme. Il incarne de façon claire et convaincante chacun des multiples personnages de ce récit de sorte qu’on ne voit pas le temps passer.

Quelques clefs peuvent être fournies : les personnages de l’instituteur et de l’épicier sont des archétypes du militant communiste comme de Poujade. Il est également rappelé comment on lançait des pavés dans les vitrines des magasins juifs. Enfin, hors représentation, le comédien explique que son spectacle est sous-titré « Résistance » en hommage à ceux qui libérèrent la France et que le début de la pièce (plus de jardin zoologique, manouches interdits de séjour) lui fait penser que la vigilance doit aujourd’hui être de mise.

Pierre FRANCOIS