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Théâtre : Peggy Guggenheim, femme face à son miroir

mercredi 25 avril 2012, par Pierre François


Née dans une riche famille juive américaine – la plus pauvre du clan néanmoins – Peggy Guggenheim se brouille avec elle tout en en conservant la mentalité. Ce n’est pas là la seule contradiction passionnante de cette femme aussi généreuse qu’extravagante.

Croqueuse d’hommes, sûrement, mais plus certainement encore autodidacte au flair incroyable en matière d’art moderne, elle a su rassembler sur ses deniers la plus grande collection privée de tous les temps, et au passage sauver de nombreux artistes de la misère ou de la guerre. Lanie Robertson, qui retrace sa vie dans la pièce « Woman before a glass », rappelle que selon le célèbre critique d’art Clement Greenberg, la sûreté de son jugement tenait au fait que le goût de Peggy Guggenheim pour l’art « était intimement lié à son amour pour la vie ».

« Peggy Guggenheim, femme face à son miroir » [1] est l’adaptation en français de cette pièce par Michael Stampe, Christophe Lidon en assurant la mise en scène.

La scène évoque en principe un dressing, en fait un espace suffisamment onirique pour y faire vivre toute l’originalité du personnage. Dans cette logique, la seule – mais bien nécessaire ! – incongruité serait la porte tant on sent que le personnage ne sort jamais de son univers, même quand il s’adresse à sa domestique.

On sent une femme aussi extravertie que fragile, bouillante qu’inquiète. Et cela qu’il s’agisse de son amour pour l’art – elle appelle ses tableaux « mes enfants » – ou pour sa vraie progéniture. À cet égard, la scène du coup de téléphone lui apprenant le destin de sa fille est parfaitement juste et expressive. Inversement, on sent de temps en temps un affadissement du personnage, comme si au lieu d’être réellement habité il n’était que bien joué.

Il n’empêche : la comédienne délivre une énergie sans pareille tout au long du spectacle en même temps que, sans en avoir l’air, elle instruit sur la vie mais aussi sur la mentalité d’une des femmes les plus extravagantes et généreuses du XXe siècle.

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] « Peggy Guggenheim, femme face à son miroir », de Lanie Robertson, adapté par Michael Stampe. Avec Stéphanie Bataille, mise en scène de Christophe Lidon. Du mardi au samedi à 19 heures, matinée dimanche à 15 heures au théâtre du Petit Montparnasse, 31, rue de la Gaîté, 75014 Paris, tél. : 01 43 22 77 74.


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