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Theâtre : Partir pour vivre

samedi 20 octobre 2007, par Pierre François


« Giacomo » [1] est à la fois une reprise et une inauguration. Reprise d’un spectacle qui a fait ses preuves, avec un long succès au Lucernaire. Inauguration d’une programmation enfin continue au théâtre 12, qui jusqu’ici se contentait de représentations épisodiques hormis le répertoire jeune public.

Si on accueille avec plaisir l’annonce selon laquelle les sièges de la salles vont être bientôt changés (actuellement des sièges baquet en tôle laquée des années soixante dix), point n’est besoin d’attendre pour éprouver un vrai bonheur à entendre l’histoire de l’immigration vue par un enfant grandissant.

L’unique comédien passe d’un personnage à un autre en un dixième de seconde et, miracle de son talent, fait en sorte que le spectateur comprenne sa nouvelle identité dans le même délai. On fait connaissance avec une mélancolie mâtinée de pétulance : mélancolie de l’arrachement, réel puis mythique, et pétulance de la volonté de vivre qui sait qu’elle n’a d’autre choix que d’avancer, les vaisseaux ayant été brûlés.

On note aussi l’existence d’une constante au milieu de ces changements de circonstances : la nécessité de se donner des règles sociales, et peu importe qu’elles puissent être jugées à la limite de la perversion par un œil extérieur, car il faut une règle qui permette de donner un sens humainement admissible à ceux qui vivent un destin caractérisé par l’insécurité.

Le comédien nous livre là un spectacle autobiographique avec un talent qui ravi, au sens étymologique, le spectateur dans son monde. Il maîtrise tellement bien son sujet et son talent qu’il crée l’ambiance qu’il veut, avec la nuance qu’il veut quand il le décide. Il sait faire sourire tout en rapportant un fait objectif : « tous les hommes fument, toutes les femmes prient » note-t-il par exemple au moment du départ de l’Italie vers la France. Une scène de ménage en public, une version revue et corrigée de la résurrection de Lazare ainsi qu’une autre de l’Annonciation constituent quelques uns des morceaux de bravoure de ce spectacle plein de poésie.

Notes

[1] Giacomo, l’enfant de la cité, de et avec Gilbert Ponté mis en scène par Stéphane Aucante. Du mercredi au vendredi à 20 h 30, samedi à 19 h 30 jusqu’au 27 octobre au théâtre 12 – Maurice Ravel, 6, avenue Maurice Ravel, Paris-12e, M° : Pte de Vincennes. Places à 13 et 11 €. Tél. : 01 44 75 60 31.


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