Théâtre : "Moloch"

« Moloch » [1] est une belle pièce, intéressante, bien jouée, mais dont on ne commence à comprendre le propos qu’au bout d’une heure et demie. C’est d’autant plus dommage qu’on ne voit pas passer les deux heures cinquante du spectacle, ce qui est un critère de qualité.

Soit un couple. Elle est insérée dans la société par son travail en même temps qu’elle reste amoureuse de son mari chômeur qui est passé de l’autre côté et cherche désormais à retrouver le geste primordial du premier homme. En l’absence de sa femme, il vit donc nu dans un appartement qui s’apparente de plus en plus à Lascaux. Leur fille, accroc du jeu, ne vient que pour leur demander de l’argent jusqu’au jour où devant leur refus elle va se prostituer auprès de son créancier. Dit ainsi, la pièce peut paraître glauque, mais elle est en fait pleine d’humanité. On y trouve le souci de relier les premiers temps et les derniers temps, la gratuité et l’argent, l’amour de l’autre et l’amour de soi, la communication et le silence. Puissent ce quelques clefs permettre à ceux qui iront la voir d’entrer d’emblée dans la compréhension de ce qui est en jeu.

Pierre FRANCOIS