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Théâtre : Molière sur le divan

mercredi 17 août 2011, par Pierre François


« Molière sur le Divan »(1) est une pièce étrange, un « concept » selon certains. Bien jouée elle est surtout trahie par son titre : il ne s’agit nullement d’une savoureuse psychanalyse de Molière à travers ses œuvres. On est plutôt face à un carambolage maîtrisé entre ce que notre auteur national a apporté à la science psychologique et une personnification des principales névroses selon Freud.

Car Molière a fait avancer la médecine ! Non pas celle des saignées et des clystères (était-ce de la médecine ?), mais celle des « humeurs ». On croyait alors que le sang rendait jovial, la phlegme (liquide du cerveau) lymphatique, la bile anxieux et l’atrabile (liquide de la rate) mélancolique. Or, pour lui, dans le malade imaginaire (qui décrit une névrose obsessionnelle) si le corps rend fou, c’est qu’il y a un lien entre la passion – donc l’univers psychique – et la maladie. Freud inverse la proposition et montre comment la vie psychique influe sur l’organique, notamment dans le cas de l’hystérie, du narcissisme, de la phobie...

La pièce commence avec la personnification de symptômes qui jouent des fragments de Molière mettant bien en relief la façon dont il avait déjà compris l’existence d’une vie psychique. Puis, ce sont les névroses, déjà pressenties par Molière, qui seront mimées, avec l’intervention d’un récitant qui commente l’évolution possible de ces maladies. On voit ainsi débarquer une famille étrange avec le père Hypocondrie, sa femme Narcissisme, la sœur Coprolalie (maladie de Gilles de la Tourette), la fille Hystérie et le fils Mélancolie. Le personnage de la frustrée qui passe son temps à faire des lapsus pour dire son désir sexuel dans un contexte social qui interdit d’en parler est particulièrement réussi. De temps en temps, la pièce s’interrompt et une soubrette vient expliquer et commenter le comportement de l’un ou l’autre des protagonistes. Mais toujours la pièce garde ce ton de légèreté, même lorsqu’elle nous remet en mémoire la définition des troubles s’exprimant sur scène. Ce en quoi on reste proche de Molière, dont la satire était parfaitement documentée et maîtrisée médicalement parlant.

Pierre FRANCOIS

(1) « Molière sur le divan », de et mis en scène par Michelle Brûlé. Avec : Claire Chérel, Bruno La Brasca, Diana Laszlo, Edith Monteil, Paul Spera, Anaïs Tobelem. Au théâtre du Lucernaire, 53, rue Notre-Dame des champs, 75006 Paris, tél. : 01 42 22 26 50. Jusqu’au 27 août.


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