holybuzz
Accueil du site > Art et Culture > Théâtre > Théâtre : "Lisbeths"

Théâtre : "Lisbeths"

jeudi 8 septembre 2011, par Pierre François


« Lisbeths » [1]est une pièce étrange, talentueuse, au texte riche, onirique et oral à la fois. Sur le plateau, deux chaises, aussi grises que le sol de la scène. Un homme et une femme arrivent. L’un et l’autre, habillés de façon contemporaine, joue à la fois le récitant de ses propres gestes et émotions ainsi que le dialogue qu’il entretient avec son protagoniste. Cela donne, par exemple : « - Derrière le prix d’une chose – il s’approche d’elle – se cache une valeur différente ».

L’intrigue semble classique : un homme et une femme tombent amoureux l’un de l’autre, et ne peuvent se passer l’un de l’autre jusqu’au moment où l’homme découvre une autre femme. Ce n’est pas pour autant ce que les conseillers conjugaux appellent le syndrome du téléphérique : l’autre est formidable, génial, unique jusqu’au moment où on découvre une faille qui ruine le rêve mais, heureusement, une autre personne passe à proximité qui se trouve être formidable, géniale, etc. Ici, la pièce repose sur la révélation progressive d’un mystère, dont l’explication ne sera pas donnée. Est-on même dans la réalité, dans le désir, dans le phantasme ou dans le rêve ? On ne sait plus.

Et qu’importe : les dialogues de Fabrice Melquiot, toujours en décalage d’une façon ou d’une autre (un peu comme un clavardage sur un forum, quand on répond plus souvent aux pénultièmes et antépénultièmes phrase qu’à la dernière, et on peut ainsi avoir des enchaînement du type : « - Tant mieux. - Moi non plus. »), ponctués de quelques leitmotiv (« - Elle éclate de rire. » ; « - Lisbeth, singulier »), sont à la fois vivants et oniriques, oraux et poétiques. Le vocabulaire est riche et descriptif.

Le jeu est sobre et perpétuellement étonné : il est si extraordinaire de se sentir aimé, de découvrir un autre être, et de le redécouvrir encore. Le spectateur est captivé, se laisse prendre par le mystère, n’en sortira pas... Ce à quoi la musique contribue bien.

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] « Lisbeths », de Fabrice Melquiot. Avec Claude Lalu, Nadjina Khouri et Babette Moinier (en alternance). Mise en scène : Manuel Bouchard. Création sonore : Moanaatea Teparii. Du jeudi au samedi à 21 heures, dimanche à 17 heures à la Manufacture des Abbesses, 7, rue Véron, 75018 Paris, tél. : 01 42 33 42 03, www.manufacturedesabbesses.com, jusqu’au 1er octobre.


Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP | squelette