Théâtre : Les Malheurs de Sophie

On est dans la salle en pierre de taille du Petit Gymnase. Le rideau rouge se ferme sur la dernière scène. On entend alors une clameur enfantine, aussi spontanée que forte : « Nooon ! » La pièce « Les malheurs de Sophie » [1] vient de se terminer.

Avant qu’il ne s’écarte, on avait pu voir un enfant du premier rang passer sa tête en dessous pour raconter à ses copains les secrets qu’il espérait surprendre. Mais les comédiens sont arrivés par la salle. Et si on pu avoir peur dans les premières minutes en les voyant affublés de costumes caricaturaux, le doute est levé sitôt qu’ils traversent le miroir et se retrouvent dans le monde de Sophie. De la même façon, le décor qui apparaît de prime abord comme un bois peint banal est en fait très astucieux et modulable.

Les ressorts comiques sont simples (un dialogue de sourds, par exemple) mais jamais ironiques ou méchants. La mise en scène ne rechigne pas à flirter avec la comédie musicale, dans un style tout à fait adapté aux plus jeunes... Elle n’est jamais bêtifiante, de sorte que les adultes se trouvent embarqués, au même titre que les enfants, dans cette histoires qu’ils connaissent pourtant déjà. Les effets de lumière sont bien travaillés. Le côté moralisateur de la comtesse de Ségur est rendu sans lourdeur. Les personnages sont tous crédibles, même si leur caractère est parfois un peu appuyé. Bref, on a là un divertissement très bien bâti, adapté autant pour les grands que les petits.

Pierre François