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Théâtre : "Le chant du cygne"... enfin, presque.

vendredi 4 novembre 2011, par Pierre François


« Lui, il n’a pas aimé », dit la metteur en scène après un bref dialogue et en se tournant vers quelqu’un d’autre. En fait, « Le Chant du cygne » [1] fait partie de ces spectacles dont le titre est une erreur.

Il ne faut pas y chercher la pièce de Tchekhov, ou plutôt accepter de l’y retrouver mais à dose homéopathique. Car c’est un vrai catalogue tchékhovien qui est ici proposé, assorti de citations d’autres auteurs tels Aragon, Cixous ou Dimitriádis. Le point commun ? Explorer les fantômes théâtraux de l’œuvre du maître vus par la metteur en scène. C’est réussi, spécialement grâce à cette façon de rester dans un vague qui ne permet pas de savoir si ce qui est montré est de l’ordre du rêve ou du réel dialogue entre deux personnes du métier.

Le thème du « Chant du cygne » – la transmission de l’art théâtral de la part d’un vieux comédien à un débutant – se prête magnifiquement à ces évocations. La fidélité de la metteur en scène justifie le titre, heureusement assorti d’un prudent « d’après Tchékhov ». Elle est dans le fait de mettre en valeur l’œuvredu maitre : le souffleur et le vieux comédien jouent « Platonov », « La Mouette », « L’Ours », « La Demande en mariage » et tant d’autres... On a plaisir à retrouver ces passages et la metteur en scène a eu la sagesse de ne pas choisir que des morceaux de bravoure mais de rester dans la tête d’un comédien qui se souvient avec toutes les infidélités de la mémoire vieillissante. Par ce biais, on retrouve une partie de l’émotion suscitée par « Le Chant du cygne », mais il ne faut pas aller voir cette pièce en espérant y ressentir la violence de ce testament légué au jour où toute illusion a fini par s’évaporer.

C’est plutôt une excellente méditation sur l’objet du théâtre et sur sa force, qui tient paradoxalement dans sa faiblesse : « des mots... ». Même si le début de la pièce déroute par son aspect farcesque.

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] « Le Chant du cygne », d’après Tchekhov. Avec Anthony Audoux, Nicolas Chupin, Marie Frémont, Sarah Gabrielle, Serge Noël, Aurélien Tourte. Texte français et mise en scène de Sarah Gabrielle. Du mardi au samedi à 20 heures, dimanche à 17 heures jusqu’au 8 janvier au Lucernaire, 53, rue Notre-Dame-des-Champs, 75006 Paris, tél. : 01 45 44 57 34.


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