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Théâtre : La vie de Galilée

mercredi 9 février 2011, par Pierre François


« la vie de Galilée » [1], de Brecht, est une pièce vivante, ce qui est un exploit quand on connaît le style dogmatique de l’auteur. Ici, point de théorie, mais des personnage. Et une ambiance récréative dès les premières répliques. Du point de vue du style, on est régulièrement à la limite de la chorégraphie explicite. Le décor, hyper sobre, met en valeur les aspects graphiques des déplacements. On est pris dès la première minute dans le tourbillon que va être la vie de Galilée. Mais attention, Brecht ne fait pas œuvre de biographe fidèle en ce sens que si rien n’est historiquement inexact tout n’a pas eu lieu pour autant : il est parti d’une trame de faits incontestables, auquel il a ajouté sa part d’invention.

Cette pièce est donc plus à voir comme l’entrechoquement inévitable de deux mondes : celui de la démarche scientifique naissante et celui de la théologie, alors seule clef de voûte capable d’éclairer toutes les autres disciplines. Sans oublier le rapport ambigu des commerçants avec la recherche fondamentale : le doge de Venise est bien plus intéressé par l’invention de la lunette astronomique, pour les gains que vont rapporter sa fabrication à grand échelle, que par le calcul des orbites des planètes.

Enfin, et ces personnages ajoutent une dimension vivante supplémentaire par les réflexes millénaires qu’ils incarnent, il y a les dimensions de la convention (la fille) de l’enthousiasme rebelle (le fils de la voisine) et du bon sens un peu craintif (la voisine). Quelques formules particulièrement fortes parsèment cette pièce : « votre malheur, monsieur Galilée, c’est votre spécialité », « où est Dieu dans ton système », « la vérité est fille du temps et non de l’autorité »...

Chacun joue sa partition à merveille, le rythme ne faiblit jamais, le jeu nous emmène autant aux confins du style du cirque (scène du doge) que de la tragédie (scène de la peste), le travail des lumières, le décor sobre et le sol lisse comme un miroir noir sont autant d’éléments qui renforcent la magie du spectacle. Spectacle dont on ne sait plus quoi dire tant il est prometteur : déjà merveilleux lors de la première, à quel niveau s’est-il hissé maintenant que tous les réglages sont faits ?

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] « La vie de Galilée », de Bertolt Brecht & « Variations Galilée » d’après Bertolt Brecht, de Denis Puy et Pierre Hoden. Avec Marc Allgeyer, Katell Borvon, Damiène Giraud, Maria Gomez, Pierre Hoden, Philippe Houriet, Jean-Luc Mathevet, Guillaume Ravoire, Jean-Pierre Rouvellat, Laure-Lucie Simon mis en scène par Pierre Hoden. Jusqu’au 13 février au Centre culturel Jean-Houdremont de La Courneuve. Tél. : 01 48 36 11 44. Puis du 22 au 25 févrierau théâtre Domaine d’O, 178, rue de la Carrièrasse, 34090 Montpellier.


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