Théâtre : La Maison

« La maison » [1]est adaptée de « La Vie matérielle » de Marguerite Duras et de quelques autres textes de la même auteure. Le public féminin rit à gorge déployée. Les hommes un tantinet plus jaune, mais sans se sentir attaqués.

Deux fait aboutissent à ce résultat : une langue très spirituelle et un talent tout aussi réel.

Lorsque les spectateurs entrent, l’actrice est assise derrière une table de cuisine encombrée de légumes, d’une radio et d’une machine à écrire. Elle épluche des pommes de terre. Geste quotidien de bien des femmes de sorte que la comédienne est déjà assimilée à une cuisinière avant même d’avoir prononcé un mot.

Et on ne s’étonne pas de l’entendre expliquer comment la soupe aux poireaux-pommes de terre est un des moyens les plus sûrs pour attirer son homme dans l’orbite du monde confortable de la maison. Rendu confortable par qui ? La femme, bien sûr.

Loin d’un féminisme primaire, on a là une analyse fine et tendre des rapports entre les sexes, doublée d’une autodérision tout aussi désarmante. « - Si l’homme s’approche du foyer, la femme le supporte-t-elle ? - Oui, car alors l’homme devient un enfant et elle doit subvenir aux besoins des enfants. » Souvent, la comédienne ménage un silence en milieu de phrase, le temps de laisser le public imaginer une chute... évidemment fausse !

Entre ce texte et une interprétation parfaite, vous obtenez un moment exceptionnel !

Pierre FRANCOIS