Théâtre : L’anniversaire à L’Essaïon

L’anniversaire  [1] se joue dans la petite salle chaude, voûtée et à la vue bien dégagée de l’Essaïon. Si un Michel Voletti, à la carrière si remplie, peut ne pas faire montre de son trouble lorsque les spectateurs ne savent pas se tenir (un soir on entendit un fou rire à peine étouffé durant toute la représentation, jusqu’à ce qu’un téléphone portable sonne), le talent de ses partenaires dépend encore de l’écoute de la salle. Mais si cette dernière est simplement normale, on a devant soi un trio équilibré qui rend chacun des personnages convaincant.

Quelle est la réalité de ceux-ci alors que le mot qui apparaît en tout début de pièce est celui de rêve et que plus d’un passage évoque un cauchemar ? Quoiqu’il en soit le thème est actuel – un fils arrive impromptu chez son père quatorze ans après que ce dernier soit parti du domicile conjugal – et le propos pertinent. La confrontation entre le fils et l’auteur de ses jours est complétée par un plaidoyer implicite pour la tolérance et la transparence : le père était parti en raison de son amour pour un autre homme tandis que le fils se croyait responsable de sa décision. On rit, on est ému, on est surpris aussi. Et on repart avec un peu de grain à moudre. Ce n’est peut-être pas la pièce du siècle, mais elle est intelligente et sensible, ce qui n’est pas donné à toutes…

Pierre FRANÇOIS