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Théâtre : L’Aprentie sage-femme

vendredi 25 novembre 2011, par Pierre François


« L’Apprentie sage-femme » [1] est une pièce triplement touchante. D’abord par la vérité qui y est mise par la comédienne, ensuite par le récit, enfin par sa chute.

On est à la limite du conte et des mémoires. L’apprentie,c’est cette femme san sinstruction qui échoue comme bonne à toout faire chez une accoucheuse. Elle voudrait s’instruire mais l’autre refuse de transmettre son expérience. Jusqu’au jour où les circonstances en décideeront autrement, lui offrant une chance de sortir de sa dépendance. Quel chemin choisira-t-elle ? Toute la pièce est là, qui est autant une méditation sur le destin et la liberté, le choix entre le passé et l’avenir, que le récit d’une vie. Mais cette réflexion n’aparaît qu’en filigrane, derrière une histoire drôlement bien troussée et si réaliste en même temps.

La comédienne donne corps aux silences avec un talent consommé. « La faim... Savez ?.. Chanceux !.. ». Elle patoise sans exagération. Nul autre effet dans ce langage mal maîtrisé que de faire comprendre qui est son personnage, et cela fonctionne à merveille. Son regard est intense. Et ni cette façon de vous percer ni cette expression particulière (mais qui ne gêne jamais la compréhension) ne quitteront un seul instant celle qui dit vivre « sous les nuages ». Car l’ignorance n’empêche pas la poésie. Ainsi dit-elle également par ailleurs : « des airs effrayants trouent le silence du soir ». Ou lâche au passage une vérité théologique tel un slogan : « Le Christ t’appelle à la lumière. ». Tout cela lui donne une personnalité totalement imprévisible, de sorte que la chute du spectacle étonne...

Elle joue tous ses interlocuteurs. Et on fait plus que les imaginer, on les voit. On est aussi pris par sa façon de jouer avec le rythme qu’elle accélère, ralentit ou suspend (et nous avec) à volonté.

On ne fera qu’une seule remarque au sujet de ce spectacle par ailleurs tout à fait réussi : le volume des emportements n’était pas encore adapté à celui de la salle, très petite, lors de la première. Mais cette imperfection est sûrement déjà corrigée à l’heure où nous mettons en ligne...

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] « L’apprentie sage-femme », de Karen Cushman, adapté par Philippe Crubézy. Avec Nathalie Bécue. Au Lucernaire, du mardi au samedi à 19 heures jusqu’au 31 décembre à la salle « Le Paradis ». Tél. : 01 45 48 91 10.


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