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Théâtre : Je n’ai pas de toit qui m’abrite, et il pleut dans mes yeux... Rilke

lundi 18 mars 2013, par Pierre François


Il est des auteurs que l’on croit connaître jusqu’au jour où ils sont présentés sous un jour nouveau qui se révèle être fidèle à leur intention première. Tel est le cas ce ce spectacle sur Rilke, plein de sensibilité, de réalisme et d’onirisme à la fois.

En effet, le « Rilke » [1] qui se donne au Lucernaire a quelque chose d’exceptionnel. Rilke, c’est pour beaucoup une poésie quasiment symboliste, aussi diaphane que mystique, où l’observation de la nature nourrit une spiritualité sans dogme. Mais c’est aussi le choc devant la misère et l’obsession de la mort, grand œuvre qu’on met toute une vie à préparer.

Et si le titre du spectacle commence par « je n’ai pas de toit qui m’abrite, et il pleut dans mes yeux... », ce n’est pas un hasard, on est en effet ici plongé, par la vertu d’un récital de poésie sur fond de projection vidéo, dans un univers particulier mais parfaitement adapté aux textes choisis. La plupart de ces derniers sont extraits des Cahiers de Malte Laurids Brigge, écrits entre 1902 et 1910, lorsque le poète fut frappé par la misère régnant à Paris, en partie conséquence des démolitions du baron Haussmann.

Du coup, en ces temps de Samu social débordé, le spectacle prend une actualité ahurissante, heureusement modulée par un style qui reste onirique même s’il n’évacue pas le réalisme. Le but était de révéler « une poésie de l’immédiat, de l’intime et de l’obscur, éloignée de toute théorie et traversée par les thèmes principaux de l’œuvre de Rilke : le dénuement, la solitude, l’enfance, la mort et l’angoisse ». De ce point de vue, le pari est réussi, même si la forme qui évoque le fantastique, voire la science-fiction, peut surprendre.

La diction, lente, claire et rythmée, permet à chaque mot d’arriver au fond de la conscience qui alors le goûte et le digère. Les projections, bruitages et musiques tout à la fois se fondent dans l’atmosphère créée par Rilke en mettant en relief son côté contemporain.

Le tout est surprenant et magnifique.

Pierre FRANÇOIS

Notes

[1] « Je n’ai pas de toit qui m’abrite, et il pleut dans mes yeux... Rilke », montage à partir d’extraits des Cahiers de Malte Laurids Brigge et de poèmes issus de l’ensemble de l’œuvre de Rilke. Avec Jérémie Sonntag mis en scène par Florian Goetz sur fond musical de Maxime Vincent et vidéaste d’Élise Passavant. Du mardi au samedi à 18 h 30 au Lucernaire, 53, rue Notre-Dame des Champs, Paris 6e, tél. : 01 45 44 57 34, du 3 avril au 25 mai.


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