Théâtre : Illusionniste

« Illusionniste » [1], de Laurent Beretta, est un spectacle... d’illusion, le croirait-on ? Mais c’est aussi plus que cela : le prestidigitateur qui est sur scène est aussi danseur – de même que sa comparse – et attache une importance particulière aux lumières. La technique et ses exigences (par exemple de créer des noirs aux bons moments) sont ainsi habillées d’une aura de poésie. Et même de littérature, puisque le fil conducteur du spectacle est constitué par des citations d’Oscar Wilde. Le talent supplémentaire de Laurent Beretta est d’avoir su construire une véritable unité dans son solo, et non seulement un placage plus ou moins réussi comme on le voit souvent quand les hommes de cet art se donnent la peine de dépasser le stade de la simple performance physique.

Du coup, l’admiration du spectateur s’amplifie, partant certes de l’habileté manuelle mais jusqu’à englober toute la gestuelle corporelle qui l’entoure et qui fait preuve du même degré de précision !

Peu importe alors que vers la fin du spectacle et à force de regarder ailleurs que là où les yeux sont attirés, on finisse par deviner un accessoire un peu moins bien caché ; le plaisir est d’autant plus grand que plusieurs des tours exécutés sont des classiques du genre, mais ici avec un souci esthétique qui change tout. On comprend dès lors qu’il ait obtenu le grand prix du festival de magie de Monaco.

Pierre François