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Théâtre : Francesco au Lucernaire

samedi 18 décembre 2010, par Pierre François


Est-ce un des effets de la sainteté de François d’Assise ? Toujours est-il qu’on ne voit pas de mauvaise pièce sur lui. Celle-là, œuvrede l’anticonformiste Dario Fo, ne fait pas exception à la règle. C’est un vrai moment de joie communicative.

« Francesco » [1], au Lucernaire, est une pièce qui continue tranquillement son bonhomme de chemin. Il s’agit de la vie de François d’Assise vue par Dario Fo, lequel a voulu insister sur l’humanité du personnage : il ne parle donc ni des stigmates ni de sainte Claire, par exemple. Cela ne l’empêche pas de partir d’une documentation authentique. On se retrouve donc face à un François truculent sans vulgarité, joué par un Gilbert Ponte (qui a joué la trilogie des « Giacomo ») à l’emphase toujours aussi italienne – il mélange d’ailleurs à plaisir les deux langues – en verve et en mouvement comme on l’a rarement vu.

Cela donne une pièce aussi vivante que vive, régulièrement désopilante – on pense ici à la scène de sa rencontre avec le Pape – et qui met en valeur un François très incarné, lequel, explique l’interprète, plaît aux franciscains qui viennent voir la pièce.

On comprend que cette pièce rencontre le succès : elle se présente comme un conte épique raconté au public qui n’a aucun mal à visualiser les épisodes qui lui sont racontés, à commencer par François accroché à une corde projeté contre une église et qui finit par carillonner avec sa tête. Conclusion de l’épisode par le comédien-récitant : « on le sort de ce clocher, mais il est sonné ».

Et c’est ainsi pendant tout le spectacle, le récit étant augmenté des mimiques et emphases d’un Gilbert Ponté aussi expressif qu’inspiré. Pas étonnant qu’on soit très vite pris par cette saga aussi merveilleuse que joyeuse, au comique simple voire simpliste, mais ravageur et jamais vulgaire.

En entretien, le comédien précise les options de Dario Fo : montrer un personnage réel qui parle aux hommes et pas seulement aux oiseaux (en effet il avait reçu l’autorisation du Pape de raconter l’Évangile aux gens, mais l’iconographie commandée aux artistes a toujours préféré le montrer avec les animaux qu’avec les hommes). Par ailleurs, Dario Fo cherche à montrer l’actualité du personnage, sans le forcer, mais en montrant combien il haïssait pouvoir et argent, qui rendent malheureux et esclaves. Une fois de plus, on constate que ce spectacle, comme tous ceux sur ce saint, est réussi et agit comme un aimant. Il y a sans doute là plus qu’une coïncidence...

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] « Francesco », texte inédit de Dario Fo traduit par Valeria Tasca. Avec Gilbert Ponté mis en scène par Stéphane Aucante. Du mardi au samedi à 19 heures jusqu’au 31 décembre au Lucernaire, rue Notre-Dame des champs à Paris.


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