Théâtre : Etrange et fantastique Héros-limite, de Gherasim Luca

Certains jours, on va au travail à reculons. Entre l’extrait poétique lu par Ghérasim Luca lui-même (entendu sur Internet sur dtext) avec une violence qui met mal à l’aise et la mention du dossier de presse indiquant qu’il a fini ses jours en se jetant dans la Seine comme son ami Paul Celan, on se dit que voilà encore un joyeux luron ! Mais le travail est le travail...

Première surprise : si le lieu où se donne la représentation est un bâtiment détourné de sa finalité, on s’y sent néanmoins en sécurité.

Seconde surprise, le comédien qui joue les poèmes [1] bien plus qu’il ne les lit a su, tout en gardant la violence du propos, la mâtiner de sensualité, voire d’humour. En particulier dans les sections parlant de pénétration, en des termes si choisis qu’il sont audible par tous.

L’auteur, à travers des écrits qui sont des jeux phonétiques, se tient sans cesse à la limite du sens et de l’absurde, tissant une trame que le spectateur complète, soutenu par la musique de l’accordéon, lequel amplifie l’ambiance du texte. Il y a toujours des sens possibles pour relier les sons rimés. Alors sable, sable, nuage, sable méconnaissable, pour ne prendre que cet exemple, devient une réalité que chaque spectateur s’approprie singulièrement.

Pierre FRANÇOIS