holybuzz
Accueil du site > Art et Culture > Théâtre > Théâtre : Elias Leister a disparu

Théâtre : Elias Leister a disparu

jeudi 18 mars 2010, par Pierre François


« Elias Leister a disparu » [1] est une très belle pièce sur l’enfance. Le propos est loin d’être léger – adoption, fugue, rébellion armée en sont le cœur – mais d’une réelle poésie, laquelle est renforcée par un accompagnement pianistique qui colle complètement au rythme du texte. Enfin, l’intérêt du spectateur est constamment maintenu en alerte par le style policier de la pièce.

Cette dernière repose en très grande partie sur son texte : le décor minimaliste – une table, quelques chaises et un immense tableau noir qui est utilisé comme « un mur à la Boltanski » [2] - ne change pas alors que les lieux sont divers et les rôles délibérément plus ceux de récitants que de personnages. Mais la distance entretenue par les comédiens avec l’évènement comme avec leur personnage est parfaitement juste, de sorte qu’une incarnation se produit toutefois, même si elle se situe plus sur le mode de l’identification à une attitude humaine (éventuellement contradictoire) qu’à une personne reliée à son réseau social.

En effet, on assiste émerveillé à la métamorphose de l’enfant en jeune homme, on rit de bon cœur aux propos tendres et ironiques de l’inspectrice de police, on croit reconnaître une de nos connaissances dans la perpétuelle amoureuse d’Elias Leister, on est touché par la sincérité qui se dégage du militaire qui a pris ce dernier sous son aile. Bref, on se laisse embarquer dans un univers qui peut être celui de n’importe quel parent... ou enfant.

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] Elias Leister a disparu, d’Eudes Labrusse. Avec Eva Castro, Jérôme Imard, Denis Jousselin, Serpentine Teyssier, Philipp Weissert, et Christian Roux au piano. Au théâtre 13 jusqu’au 18 avril, tél. : 01 45 88 62 22.

[2] Christian Boltanski, artiste contemporain, explore les relations entre la présence et l’absence. Il lui arrive de rechercher à reconstituer une vie par l’exposition en un même lieu d’objets sans rapport les uns avec les autres mais au pouvoir émotionnel fort. Dans la pièce, des objets sont ainsi accrochés au fur et à mesure qu’avance le récit, qui tous ont un lien explicite avec l’enfance. Façon d’évoquer la "petite mémoire", affective et individuelle, chère à l’artiste.


Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP | squelette