Théâtre : Comique intemporel

Cadet de Molière, Jean-François Regnard reprend, avec « Les Folies amoureuses » [1] (1), les thèmes et personnages que l’on trouve dans « L’école des maris » : la pupille et son galant, le parent jaloux, les valets.

Plus jeune que les Monty Python, Pascal Zelcer applique leur style au texte en vers du XVIIe siècle.

On met, c’est vrai, cinq minutes à prendre la mesure du décalage, mais une fois les marques prises, on ne cesse plus de rire. On remarque que même si on comprend rapidement qu’on est en plein délire, celui ci parvient néanmoins à nous surprendre régulièrement ; de même, à aucun moment le dérapage ne va assez loin pour faire perdre le fil de l’histoire au spectateur.

A l’intérieur de ces balises invisibles, les procédés comiques s’appuient en effet toujours sur le texte (« rentrer en diligence » pour en vitesse, répondre à l’énoncé de son nom même quand on est hors de scène…) ou sur la situation (la crise de folie simulée de la pupille pour un numéro de travestissement incroyable). Des clins d’œil stylistiques (bruit de rembobinages d’un film, par exemple) signalent au spectateur à quel moment on reprend le fil après une projection du type « vidéo gag » de sorte que le recours à un procédé contemporain ne jure pas avec le contexte classique.

Par contre, s’il est clair que toutes les comédiennes doivent avoir accès à la scène et que la révélation progressive d’un embonpoint puisse donner naissance à un effet comique, il n’était pas forcément nécessaire d’aller jusqu’au stade du collant. On avait déjà compris avant. A cette réserve près, on souhaite à cette pièce d’être un jour remboursée par la Sécurité sociale ; le rire étant, comme chacun sait, facteur de santé.

Pierre FRANCOIS