Theatre : Aussi outrancier que comique

La dernière d’« En remontant le Niger » [1]approche et ce serait bien dommage de rater cette pièce désopilante écrite par l’Algérien Arezki Mellal et mise en scène par la Slovaque Maria Zachenska. Le prétexte à cette farce est la volonté d’une femme richissime de visiter l’Afrique et de se faire éventuellement visiter par un beau Noir. Le niveau d’ouverture d’esprit de cette vieille peau et du fils qui l’accompagne est à peu près celui de « Tintin au Congo », le rejeton nourrissant en prime une volonté matricide égale à son manque d’argent multiplié par son incapacité à réussir quoi que ce soit. Le style est d’un burlesque achevé, les caractères étant caricaturés jusque dans leurs aspects les plus ordinaires. Avec le guide local qui les accompagne (ou tout du moins est-ce ce qu’il prétend faire), on pose une regard d’entomologiste amusé sur ce couple d’une espèce curieuse. L’éclat de rire n’est jamais loin.

Le jeu est parfait, qui fait pleinement croire à l’incroyable bêtise humaine. Le décor criard, le comique de répétition et le petit-nègre des blancs ne font que renforcer l’intensité du message. Les dialogues font partie intégrante du ressort humoristique : « il craint la magie noire des Blancs qui est plus puissante que la magie blanche des Noirs ». Le fait que cette pièce assaisonne à la fois les Blancs en voyage et les ministres noirs allant voir leurs maîtresses à Paris donne une saveur supplémentaire, à la fois épicée et équilibrée, au plat qui est présenté au Tarmac pour quelques jours encore.

Pierre FRANCOIS