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Théâtre : A mort l’arbitre !

samedi 31 mars 2007, par Pierre François


Les comédiens se dénigrent parfois lorsqu’ils font partie de la même équipe. Dans ces match d’improvisation théâtrale [1], ils sont en situation d’opposition et c’est leur fraternité qui ressort… Ambiance d’une soirée théâtrale imprévisible.

C’est en 1977 que Robert Gravel et Yvon Leduc, constatant qu’il y a de moins en mois de personnes à venir au théâtre et de plus en plus à aller voir les match de hockey, créent au Québec des match d’improvisation. Il s’agit de prendre des comédiens comiques et de les mettre en scène comme s’ils se trouvaient dans une patinoire, avec des règles apparentées au sport. Le succès est immédiat et, outre celles du Québec, des ligues se créent en Suisse, Belgique et France. Elles peuvent concerner les comédiens professionnels comme les amateurs, les élèves d’une université comme les salariés d’une entreprise. Enfin, il y a les tenant de la ligne dure, qui calquent complètement le match d’improvisation sur celui de hockey et ceux qui assouplissent le concept, transformant par exemple l’arbitre injuste et sévère en un Monsieur Loyal plus consensuel.

L’initiative de R. Gravel et Y. Leduc arrivait après le Théâtresport de Keith Johnstone, qui créa une forme assez voisine de théâtre à Londres, Calgary et Vancouver, avant que d’autres sections ne s’ouvrent dans tout l’espace anglophone, en Scandinavie et en Afrique.

En France, une première ligue d’improvisation se créa dès 1981, dans le sillage d’une tournée triomphale des québécois. Elle disparut en 1995. Le flambeau fut repris par la LIFI (Ligue d’Ile de France d’Improvisation) et huit autre ligues réparties sur tout le territoire, regroupées en LIFPro.

La LIFI fête cette année ses 20 ans en organisant une compétition d’improvisation entre quatre équipes, opposées deux à deux chaque lundi, dans la stricte ambiance du hockey.

Certes il manque, par rapport à ce qui se fait outre-Atlantique, le pop-corn. Mais il y a bien la patinoire, les trois tiers temps, les comiques en survêtement faisant des exercices d’échauffement en début de spectacle, l’hymne chanté la main sur le cœur, le serrement de main des capitaines, la pendule digitale surmontant l’indication du score, le pupitre de l’animateur musical, et même les maillots de hockey suspendus au plafond. Par contre, si l’arbitre siffle les fautes, c’est le public qui vote à l’issue de chaque reprise pour désigner l’équipe gagnante.

L’improvisation est réellement reine : les sujets, qui sont enfermés dans un petit tonneau de grillage, sont tirés au sort juste avant d’être joués. Chaque fiche prévoit : le thème, le nombre d’équipiers autorisés à prendre part à l’improvisation (il y en a quatre par équipe), si les candidats des deux équipes improvisent l’un après l’autre ou bien en même temps, le type de mise en scène et la durée de l’improvisation. Ce soir là il y eut, par exemple, « gratin d’andouille, nombre de joueurs illimité, genre théâtral Marivaux » ou encore le thème de l’amour propre qui devient l’histoire des relations amoureuses entre une femme et son savon sur un air de slow. La salle n’en pouvait plus…

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] Match d’improvisation théâtrale, tous les lundis à 20h 30 jusqu’au 23 avril, à l’Elysée Montmartre, 72, boulevard Rochechouart, Paris-18e, M° : Anvers. Places à 20 €, TR 13 €, GR : 16 €.


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