holybuzz
Accueil du site > Art et Culture > Théâtre > Théâtre : grand spectacle

Théâtre : grand spectacle

samedi 20 octobre 2007, par Pierre François


« N’ayez pas peur »(1), disent les affiches dans tout Paris, « Jean-Paul II » [1] est-il écrit sur les billets du dernier spectacle de Robert Hossein écrit par Alain Decaux.

Toutes les places de l’orchestre et la moitié des balcons sont remplis pour cette représentation du samedi après-midi. Dans le public on parle de cars à ne pas rater ou des aspects traditionnels ainsi qu’audacieux du défunt pape. Sur la scène du Palais des sports, d’une ouverture de 28 m. répartis en quatre niveaux dont un laissant apparaître une double porte dissimulée dans une contremarche, se trouve un bureau de style Louis XV et son fauteuil à jardin. Le noir se fait. Des coups de tonnerre retentissent tandis que les comédiens se mettent en place, puis s’immobilisent dans la posture de l’attentat du 13 mai 1981, qui eut lieu à la minute même où 64 ans auparavant la Vierge apparaissait aux bergers de Fatima.

La narration commence à ce moment, avec les souvenirs du pape qui lui reviennent sur son lit d’hôpital. Cette introduction est discrète de sorte qu’on ne s’apercevra pas du glissement lorsque le récit de sa vie arrivera puis ira au-delà de ce moment.

Dire que la mise en scène est de Robet Hossein, c’est déjà la définir comme grandiose et populaire. Une foule de comédiens, des mouvements arrêtés, puis qui s’animent lentement ou servent de fond à une action se situant dans une portion différente du plateau, des personnages à mi-chemin entre le mime et le jeu classique des acteurs, une mise en scène aussi millimétrée que chronométrée, des changements de décor à vue qu’on ne voit pas tant l’attention est attirée ailleurs lorsqu’ils s’opèrent, c’est tout cela et bien d’autres artifices réussis qui défilent sous nos yeux. Surgissent aussi sur scène un autel, des drapeaux nazis et communistes, un vitrail, un lit d’hôpital… Parfois, des actualités filmées d’époque permettent de se replonger dans une atmosphère, que ce soit celle du S.T.O. ou du voyage pontifical au Mexique.

Si la première partie du spectacle – qui s’achève avec l’élection de Jean-Paul II– est plutôt consacrée à sa personnalité et au contexte dans lequel il a vécu, la seconde suit le rythme qu’il imposa à l’Église, avec ses cent quatre voyages à l’étranger, cent quarante trois en Italie, sept cent quarante visites à Rome et Castel Gandolfo.

Le spectacle a su garder le cap entre une fausse objectivité masquant le relativisme ambiant et un discours hagiographique édulcorant les aspérités d’un pontificat qui, comme n’importe lequel, a aussi souffert d’occasions manquées. On craignait, lors de la conférence de presse du printemps dernier, que le metteur en scène n’attaque la doctrine morale de Jean-Paul II tant il avait dit et répété qu’il ne partageait pas les remèdes proposés par le Vatican pour vaincre le sida. Il n’en a rien été, et si cet aspect-là est aussi montré, voire débattu, il est d’abord mis dans la bouche du pape un résumé parfaitement clair et compréhensible d’« Amour et responsabilité ». Jamais il n’est présenté comme inhumain, jusque dans son débat imaginé avec l’abbé Pierre, au contraire. Enfin, ses initiatives originales sont toutes mises en valeur, qu’il s’agisse d’Assise ou de son action pour faire tomber le mur de la honte.

Metteur en scène et auteur se sont entourés de deux conseillers pour ne commettre aucune erreur, jusqu’aux textes des prières latines en usage lorsqu’il était séminariste.

Et, point à ne pas oublier, le jeu des comédiens est tout aussi phénoménal que la précision de la mise en scène : c’est dire…

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] « Jean-Paul II, n’ayez pas peur », d’Alain Decaux et Robert Hossein, avec le concours de Jean-Michel di Falco et Benard Lecomte. Avec Marc Cassot (Jean-Paul II et Karol Wojtila Cardinal), Olivier Sabin (Karol Wojtila Evêque), Steven-James Gunnell (Karol Wojtila Prêtre), Jean-Pol Dubois (Cardinal Wyszynski), François Raffenaud (Prêtre Dziwisz), Daniel Berlioux (Abbé Pierre), François Gamard (Gorbatchev), Patrick Bordes (Lech Walesa), François Roy (Jaruzelski), Salah Teskouk (Hassan II), Djemel Barek (Ali Agça), Benoit Allemane (Cardinal Villot) et environ 60 autres comédiens. Du mardi au samedi à 20 h 30, samedi et dimanche à 15 heures au Palais des Sports, 1, place de la porte de Versailles, Paris-15e, M° : Pte de Versailles. Tél. : 0825 038 039, www.palaisdessports.com. Toutes les photos sont de Yann Dejardin


Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP | squelette