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Théâtre : le "théâtre-action" de retour

mercredi 19 novembre 2008, par Pierre François


Le premier festival international de théâtre-action… est belge, la notion ayant vu le jour autour des années 70 dans ce pays. Si Laurent Poncelet a créé le sien à Grenoble en 2002, c’est pour suivre la suggestion et l’exemple de son créateur francophone. L’idée consiste à utiliser l’outil théâtral pour poser un problème social et inciter le public à chercher comment il peut réagir. Poussée à bout, cette logique mène au « théâtre-forum », cas dans lequel le spectacle est encore plus court et ne trouve sa conclusion qu’en fonction des solutions débattues par le public.

Le Fita de Rhône-Alpes, s’il s’inspire de cela, ne va pas aussi loin. Certes, chaque spectacle est suivi d’un débat et les associations concernées par la question posée peuvent venir installer leur stand au fond de la salle ou poser des questions en même temps que le public. Mais la visée est moins idéologique que sociale.

Il s’agit d’abord de faire du théâtre de qualité professionnelle et non pas d’exposer de bons sentiments. On peut signaler à ce propos le spectacle « Le Destin du clandestin », qui réussit à parler avec beaucoup d’humour (le public rit dès la troisième minute, et ne cesse plus ensuite) du drame de l’immigration (combien de morts pour combien d’Africains arrivant en Europe et y trouvant quelles conditions de vie ?). Il a en outre cette qualité de s’adresser aussi bien aux autochtones du pays de départ (pour leur ôter leurs illusions) que d’arrivée (pour leur dire la réalité vécue par les migrants).

Il s’agit ensuite de favoriser des rencontres donnant envie au public qui vient rarement au théâtre d’y aller plus souvent. Elles peuvent, par exemple, prendre la forme d’un atelier-cuisine : le jour de l’inauguration du Fita 2008, c’est une M.J.C. qui a préparé le buffet en s’inspirant de recettes roumaines, l’une des troupes participantes venant de ce pays (elle a d’ailleurs obtenu le prix de la presse 2007 à Avignon, ce qui souligne le souci de professionnalisme des organisateurs).

Il s’agit enfin de « conscientiser », mais jamais directement : le plateau d’un théâtre n’est pas la scène politique. Ainsi ce groupe de musiciennes haïtiennes « conscientise »-t-il leurs parents et homologues masculins en faisant un travail musical irréprochable (la femme est donc capable de faire aussi bien qu’un homme…) et en leur faisant jouer, dans le cadre d’ateliers théâtraux au pays, des rôles de femmes pendant que les femmes incarnent des hommes. Cette même troupe, à Grenoble, a rencontré d’autres femmes dans le cadre d’un centre social, pour échanger sur leurs conditions réciproques.

Mais le Fita Rhône-Alpes 2008, c’est encore plus que cela. Ce sont 50 représentations de 15 spectacles internationaux dans 30 lieux de la région pour un public en progression (6500 spectateurs en 2006), jusqu’au 30 novembre. Programme complet sur http://ophelia.theatre.free.fr/fita/index.htm ou www.fita-rhonealpes.fr

Pierre FRANCOIS


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