Festival off d’Avignon : "La Vie éternelle"

Au début de la pièce [1], le ton est presque anodin, à l’occasion de ce déjeuner familial qui réunit une mère et son fils. Mais soudain, la tension monte et les questions se font plus oppressantes laissant place à l’opposition parfois violente de ces deux êtres qui vont s’affronter de façon de plus en plus inévitable. Quel est donc le secret si bien enfoui qui les font aujourd’hui se déchirer ? Toutes les questions sur l’amour, la chair, la foi et les confrontations de l’existence servent ce huit-clos difficile sur fond d’amertume et de regrets. La mère est magistrale dans le rôle infaillible du chef de famille dévoué, le sens du devoir, la morale en bandoulière, mais égratignant au passage et sans vraie méchanceté une partie des membres de sa tribu, faute de pouvoir ou de vouloir comprendre. Le fils quant à lui dévoile sans pudeur une sensibilité à fleur de peau traduite notamment dans une scène éprouvante où il se prend à rêver d’être enfin compris et accepté, sans jugement. Ce combat intérieur pour être réhabilité qui l’obsède aujourd’hui, le mènera-t-il sur le chemin de l’amour sans concession de sa mère ? Un sujet qui ne peut nous laisser indifférents, magnifiquement interprété.

Catherine GUINOT