Festival off d’Avignon : « La maîtresse », de Jules Renard.

Dans et autour d’un grand lit, deux amants et un récitant se retrouvent pour mieux interpréter et mettre à jour les valses hésitations d’une relation amoureuse entre l’homme et la femme [1]. Cette scène pourrait se situer au début du siècle dernier. Tous les sentiments y sont finement détaillés sur plusieurs tableaux qui vont, crescendo, nous amener vers la capitulation de la femme devenue maîtresse et se donnant enfin à son amant, avec crainte, pudeur, mais aussi beaucoup de coquetterie. Chacune des étapes franchies met parfaitement en exergue les oppositions entre raison et passion, retenue et plaisir consenti. Les sentiments sont toujours sur les deux registres. La rencontre est préparée, ne laissant rien au hasard des prémices amoureux comme cette toilette qui nous parle tant de volupté que des complexes que peut éprouver la maîtresse au moment de se dévoiler. Les expressions empruntées à une langue fine telle « la flamme de la bougie chauffe la bobèche », sont une manière délicate de montrer l’empressement de cette femme au moment même où, de son côté, l’homme se prend à hésiter.

Cette pièce si justement interprétée nous ramène doucement aux états d’âme qui nous habitent au moment de l’abandon amoureux et qui font que l’émotion nous rend heureusement tellement plus vulnérables et humains.

Catherine GUINOT