samedi 26 juillet 2008, par Pierre François
Jour d’inventaire
La scène s’ouvre sur une femme trempée qui arrive là par hasard, un jour de forte pluie, pour s’abriter alors que le café est désert et fermé pour cause d’inventaire [1]. Un inventaire, elle va nous en livrer un autre : celui de sa vie, elle qui, à quarante ans, a vécu tapie dans l’ombre de l’homme qu’elle a aimé. Ce Boris, que l’on devine Vian et qu’elle a connu il y a bien longtemps, la hante. On assiste à un récit à la première personne qui revisite les époques de la vie de l’écrivain, du chanteur et du trompettiste de jazz. Une vie ponctuée des œuvres majeures de Vian, du « déserteur », à « l’Ecume des jours », de « l’Arrache cœur » à « J’irai cracher sur vos tombes ». On y côtoie les grands auteurs, les philosophes et intellectuels qui ont marqué la rive gauche de Paris, des pensionnaires du Flore et des Deux Magots. Parmi eux, Sartre, Malraux, Camus, puis Queneau, le chantre des mots. On revisite cette période un peu folle où tour à tour, la joie, la tristesse et l’ennui livrent des poèmes et des mœurs déchirés. La tristesse de la voix de Gréco, la période de la pataphysique de Prévert nous redisent combien tout était permis à ces intellectuels, un peu hors du monde.
Si Pierrette DUPOYET nous réjouit de cette grande époque propice à l’explosion de tous ces talents littéraires, l’écriture reste un peu pauvre et le ton au deçà de ce que l’on pouvait espérer.
Catherine GUINOT
[1] Festival off d’Avignon jusqu’au 2 août inclus : « Vian, je t’attends » 11h Théâtre du bourg neuf Texte et mise en scène : Pierrette DUPOYET