On s’interroge…
« Autopsie d’une photo de famille » est une pièce complexe. Très bien jouée au demeurant, notamment pour ce qui concerne la chorégraphie, bien expressive. Il est juste dommage que l’on se sente un peu abandonné en pleine brousse. Le mystère cultivé en effleurant plusieurs pistes de compréhension possibles empêche de porter attention à celle qui est sous nos yeux : la souffrance de l’enfance. Quant à la clef finale de cette souffrance, elle n’est donnée qu’en fin de spectacle, avec une brutalité qui oblitère la violence dénoncée.
Du point de vue du texte, pourquoi avoir sollicité deux auteurs et traiter chacun de leurs travaux sous un angle si différent ? Le résultat est que l’on a le sentiment d’un travail de jeu remarquable au service de textes qui le sont moins, et cela aussi est une souffrance.
Reste que, on le souligne, le travail d’interprétation et de chorégraphie est superbe, spécialement dans la première partie (la seconde donne une sensation de répétition à force de solliciter des experts qui font presque le même commentaire de la photo, chacun avec les mots de sa spécialité).
Pierre FRANÇOIS
« Autopsie d’une photo de famille », de Grégoire Delacourt et Pierre Creton. Mise en scène : Vincent Dussart. Scénographie : François-Gauthier Lafaye. Lumières : Eric Seldubuisson. Costumes : Rose-Marie Servenay. Régie générale : Quentin Régnier. Avec:Guillaume Clausse, Juliette Coulon, Xavier Czapla, Sylvie Debrun, Patrice Gallet, France Hervé, Elodie Wallace. Le 16 février au Théâtre Jean Vilar de Saint-Quentin et du 12 au 14 juin au théâtre La Verrière de Lille.
Photo : Corinne Marianne Pontoir.