Livres : « Les Pauvres sont nos maîtres », de David Jousset, Bruno Tardieu et Jean Tonglet aux éditions Hermann.

Trapu.

Chez ATD Quart monde, on a le sens de la progression. Les affiches pourraient être comprises par une personne demeurée, le journal par tout un chacun, qui a intérêt à être en forme lorsqu’il aborde le livre sur les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté. Que dire alors lorsqu’il s’agit de lire « Les Pauvres sont nos maîtres » ? Cette phrase reprend une formule de saint Vincent de Paul, bien connue de tous les bénévoles de la Société saint Vincent de Paul et des multiples mouvements caritatifs.

Mais ce qui était le slogan d’un actif-contemplatif génial – et qui sert encore à faire prendre conscience d’une réalité – devient ici la pierre angulaire de tout un système de pensée qui se traduit dans les structures du mouvement ATD Quart Monde. Le sous-titre du livre est de ce point de vue instructif : « apprendre de ceux qui résistent à la misère : le paradoxe Wresinski ».

Il serait complètement faux de prétendre que la lecture de ce livre, qui aborde la question de la vie lorsqu’on est pauvre sous trois angles bien distincts, est difficile. Non, mais elle nous emmène vers des horizons inattendus en même temps que complètement logiques et adaptés à notre temps.

La partie historique – et partiellement biographique au sujet du Père Wresinski – fait office d’état des lieux en même temps qu’elle pose déjà quelques jalons. Dont la phrase « Ma mère n’avait pas d’amis, elle n’avait que des bienfaiteurs » n’est pas le moindre dans la mesure où elle aboutit à une définition de la pauvreté non pas d’abord par un manque de moyens économiques, mais par une absence de relation vraie avec autrui.

La partie réflexive montre la nécessité de se reconnaître comme victime pour pouvoir devenir résistant à des relations faussées et, in fine, aboutir à l’échange, au partage et à la fraternité entre personnes de différents milieux ayant différentes richesses – intellectuelles ou d’expérience – à mettre en commun pour avancer plus loin, la violence de l’amour supplantant alors la seule recherche de justice.

Enfin, la dernière partie pose des principes d’action et montre comment ils sont vécus au sein de l’association ou en lien plus ou moins étroit, mais toujours enrichissant, avec cette dernière. De sorte que refermer le livre, c’est se sentir invité à prendre un départ selon des perspectives jusque-là insoupçonnées.

À chacun, ensuite, de s’inventer sa vie à l’aune de ces réalités dévoilées…

Pierre FRANÇOIS

« Les Pauvres sont nos maîtres », de David Jousset, Bruno Tardieu et Jean Tonglet. Préface d’Isabelle Autissier. Éditions Hermann, ISBN 979 1 0370 0158 0. Disponible à https://www.atd-quartmonde.fr/produit/les-pauvres-sont-nos-maitres/

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