Religion : les Légionnaires du Christ publient un rapport sur l’importance des abus sexuels au sein de leur congrégation.

Synchronisation.

Ce 21 décembre, jour de la démission du cardinal Sodano qui avait protégé Marcial Maciel, fondateur des Légionnaires du Christ sous le pontificat de Jean-Paul II, cette congrégation dont Benoît XVI, à la suite d’une enquête menée de 2004 à 2006, avait ordonné la révision des statuts et envoyé son fondateur mener une vie de prière et de pénitence sans ministère public, publie un rapport détaillé sur les abus sexuels qui ont eu lieu en son sein depuis sa création, en particulier de la part de son fondateur.

Ce rapport s’étend de 1941 au 16 décembre 2019. Le pape François a par ailleurs, le 17 décembre, levé le secret pontifical qui couvrait les procédures d’abus sexuel.

Ce rapport donne des chiffres, met en avant la responsabilité personnelle du fondateur (qui avait aussi une double vie) et montre comment dans de nombreux cas les abusés ont pu devenir abuseurs. Ces chiffres s’étendent sur toute l’histoire de la congrégation. Ainsi, quand on lit que sur 6500 personnes ayant fait leur noviciat, 74 ont été abusées en tant que séminaristes et 33 comme prêtres de la part d’un effectif représentant 1,60 % des légionnaires, cela doit s’entendre non pas à un moment donné, mais sur toute la période.

Sur les 175 mineurs recensés comme victimes – dont la majorité entre 11 et 16 ans – de 33 prêtres ou diacres, 60 l’ont été par le fondateur lui-même. Sur les dix-huit des abuseurs qui sont encore dans la congrégation, 14 n’ont pas de ministère et quatre un ministère sans contact avec les mineurs.

42 % de ces 33 abuseurs avaient été victimes d’abus au sein des Légionnaires du Christ. 111 des victimes – soit 63 % des 175 victimes totales – ont été victimes du père Maciel ou d’une victime de ce dernier ou encore d’une victime de ses victimes.

42 % des abuseurs étaient en position d’autorité, il y avait donc à la fois abus sexuel, abus de pouvoir et abus de conscience. Cette situation, doublée d’un mode de vie très hiérarchisé, rendait quasiment impossible la dénonciation. De sorte qu’on ignore encore le nombre réel des victimes.

80 % des séminaristes qui ont abusé n’ont pas été ordonnés. Les trois qui l’ont été après 2005 l’ont été dans l’ignorance des faits par leurs supérieurs.

Pierre FRANÇOIS

On peut trouver le rapport en anglais et en espagnol (la version espagnole, qui est l’originale, semble comporter des notes absentes de la version anglaise) ainsi que des graphiques sur un site dédié.

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