Théâtre : « Mama Khan, le chant berbère de l’eau », de et avec Khadija El Mahdi au Théâtre la croisée des chemins, à Paris.

Commedia dell'arte berbère.
« Mama Khan » est un spectacle rare. A une époque où les catégories de l'improvisation et de la mise en scène fixée d'avance restent encore assez étanches (alors que d'autres genres se mélangent de plus en plus), la comédienne et auteur de cette parabole berbère renoue avec la tradition de la commedia dell'arte : masque et improvisation font partie du spectacle (qui intègre également une dimension de mime), en complément d'un fil rouge qui n'est pas dévoilé au public (mais ici on révèle qu'il s'agit d'illustrer la symbolique des différentes couleurs de l'arc en ciel). Une évidence s'impose pourtant, et vite : tous les contes qui composent ce spectacle ont pour point commun la demande d'amour, qu'il soit conjugal, filial ou parental. Il est donc important de ne pas chercher ici d'autre logique qu’émotionnelle. Vouloir analyser ce qui se montre sous nos yeux dans cette salle si intime que la comédienne est à toucher les deux premiers rangs, c'est se gâcher un spectacle qui évoque avec une dextérité consommée les différentes facettes de l'espoir et du désespoir, de l'énergie et de l'abattement. Sa forme est  bien trouvée : deux femmes berbères – une vieille qui prend le ton de celle qui enseigne les duretés de la vie et une jeune qui dit avec un brin d'humour comment elle la découvre – se relaient pour dire ce que sont la vie et la nature humaine. La comédienne incarne ses personnages à un point tel que, même voyant l'évidence du masque qui couvre son visage, on croit complètement au personnage incarné. On écoute réellement une vieille femme qui a la voix et l'humeur de son âge avant de croire tout aussi totalement à la jeune fille qui se trouvant dans une situation embarrassante ne s'en sent pas moins flattée. Jamais on n'a autant cru à un masque tant la distance naturelle créée par cet objet est ici supprimée.
Pierre FRANÇOIS
« Mama Khan, le chant berbère de l’eau », de et avec Khadija El Mahdi. Mercredi à  19 h 30 jusqu’au 13 juin au théâtre La Croisée des chemins, 43, rue Mathurin Régnier, 75015 Paris, Tél. 01 42 19 93 63, https://www.theatrelacroiseedeschemins.com/

Photo : Pierre Francois.

Une réflexion au sujet de « Théâtre : « Mama Khan, le chant berbère de l’eau », de et avec Khadija El Mahdi au Théâtre la croisée des chemins, à Paris. »

  1. Une pièce époustouflante, pleine de magie. La rencontre de cette culture au travers des yeux d'une femme qui enseigne et au travers des yeux d'une jeune fille qui découvre dans l'innoncence. On oublie la comédienne, on oublie la salle, on voyage ! 

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