Racines métissées.
Où peut-on entendre des musiques de gospel, caribéennes, cubaines, colombiennes, espagnoles, marocaines, tunisiennes, algériennes, kabyles, syriennes, arméniennes, japonaises, irlandaises, turques, grecques, italiennes, klezmer, funky, de la Nouvelle-Orléans ? Ou françaises ? Où peut-on voir des danses hip-hop, cumbia, dancehall, chinoises, flamenca, indiennes, tziganes, zaoulies (de Côte d'Ivoire), jazz rock, tap dance, tarentelles, tango, bikutsi ou asiko (du Cameroun) ? Et éventuellement y participer ? Assister à des ciné-concerts ? Cuisiner avec les artistes de toutes ces cultures ? Savourer ce que donne le mélange de musiques aux influences multiples ? Voir Orchestra Baobab, entendre Le 93 super raï band fêter ses dix ans et l'Orchestre national de Barbès ses vingt ans ? Entendre des enfants ou des adultes vivant en France entonner des chants de leurs pays d'origine mâtinés de la culture dans laquelle ils baignent désormais ?
Au point que ce festival lance un « Prix des musiques d'ici » pour les musiques venues d'ailleurs qui ont désormais des racines en France. Il vise ces artistes qui remplissent régulièrement des salles, petites ou grandes, mais que l'on n’entend jamais à la radio. Ces artistes dont les ancêtres haïtiens, congolais, kabyles, portugais, polonais… ont fait partie des vagues d'immigration des XIXe et XXe siècles (pour ne rien dire des basques ou bretons, immigrés de l'intérieur). Les finalistes de cette première édition viennent d'Occitanie, d'Île-de-France, de Bretagne, de Côte d'azur, du Rhône, de Normandie ou, pour le dire autrement, de passionnés des musiques raï, gwana, de l'Inde et des Balkans ; latines et pop-électro ; sénégalaises ; indo-bretonnes ; kanak mêlées au conte, orientalo-sino-balkaniques à tendance rock ; turques des derviches tourneurs ; orientalo-tsigane-turques.
C'est pendant un mois, jusqu'au 12 novembre, que le festival Villes des musiques du monde célèbre sa vingtième édition, en s'enrichissant d'une quinzième commune participante (Achères)*. Car le premier but de cette manifestation est d'être le miroir des villes participantes, de privilégier la transmission, le lien et de viser tous les publics, spécialement les jeunes et les familles. Enfin, il se donne pour mission – et cela devient encore plus visible avec la création de ce prix – d'accompagner l'émergence de nouveaux artistes.
Et ce n'est pas parce qu'il promeut les jeunes artistes qu'il en oublie les confirmés. Jean Carpenter ou Dédé-Saint-Prix seront là. Orkestra Mendoza et Rio Marcos Sacramento aussi. Lois Ait Mentguellet, Waed Bouhassoun, Jivan Gasparyan et tant d'autres ne seront pas en reste.
Pierre FRANÇOIS
Festival « Villes des musiques du monde », tél. 01 48 36 34 02, www.villesdesmusiquesdumonde.com. Prix : de la gratuité jusqu'à 35 €. Croisière musicale, concerts, créations, bals, spectacles jeune public, ateliers, banquet, cinéma…
* Les autres sont Aubervilliers, Bobigny, Bondy, Épinay-sur-Seine, Le Blanc-Mesnil, Le Bourget, Montreuil, Pierrefitte-sur-Seine, Paris, Saint-Denis, Sevran, Villetaneuse, Gennevilliers.