Théâtre, danse : « Je danserai pour Toi », de Sophie Galitzine, à l’Essaïon à Paris.

Spiritualité contemporaine.
jedanseraipourtoi147x196x72dpiphotoclementinehoudart« Je danserai pour Toi » est un titre qui est loin de sentir le soufre, bien au contraire. Il évoque, outre le contexte du Cantique des cantiques, le titre d'un poème écrit par un prêtre danseur québécois(1) et celui d'un livre de Mireille Nègre.
En l'occurrence, c'est celui d'un spectacle mi-dansé mi-théâtral. Le thème – le récit d'une conversion – est périlleux dans la mesure où on ne compte pas le nombre de convertis aussi sûr d'eux que donneurs de leçons (au moins dans les débuts), à commencer par un certain Paul de Tarse qui n'ayant jamais mis ses pas dans la poussière de ceux du Christ a le culot de dire que « moi aussi, j'ai l'Esprit de Dieu » (1 Co 7, 40) pour verrouiller une argumentation.
Bien évidemment, il est inévitable de se demander dans quelle mesure la comédienne-auteur raconte ou non sa propre expérience. Mais la question est anecdotique dans la mesure où s'il est bien certain que tout auteur pioche en partie dans sa propre vie, l'important est que le résultat soit crédible et distrayant.
Ici, il est plus que simplement drôle. Le texte comporte en effet une dose massive de causticité et d'autodérision, en plus d'un va et vient permanent entre un style de confidence associé à un vocabulaire spirituel et des propos très contemporain assénés avec la vigueur dont sont capables de jeunes branchés, euh, pardon, chébran.
La forme, qui associe un humour de café-théâtre avec un jeu en permanence chorégraphié, fait rire en permanence et sans le moindre irrespect. Comment résister à des saillies telles que « je tombe nez à nez avec les yeux d'un Indien assis en tailleur et en slip qui a l'air de s'en foutre de ses bourrelets, et je suis comme transpercée par la douceur de son regard » ou « je traverse Paris à vélo tous les jours pour me rendre à la messe… à trois kilomètres de chez moi et ça grimpe. Du coup, jackpot, j'hérite d'un cul de Brésilienne ».
Par ailleurs, le fond est bien là. En vrac autant qu'en passant, on a droit au fait que le corps et l'âme ne font qu'un, à la puissance de la prière, au fait que dans l’Évangile tout n'est que souffle, rythme et déplacement, à saint Séraphim de Sarov… 
Ainsi qu'à une histoire plus personnelle. On ne célèbre pas ici les beautés d'une foi désincarnée, mais les « ruses » de Jésus pour toucher une âme blessée dans son adolescence et qui ne s'exprime complètement que par la danse. Le portrait du professeur d'art dramatique est d'une férocité hilarante, ceux du père et de la mère empreints d'une tendresse réaliste qui fait autant rire. À côté, les rencontres avec les médiums ou chamans assurent des transitions touchantes vers des moments plus intimes et graves : ceux du combat intérieur. Car « c'est pas évident de faire genre quand t'as rencart tous les jours à la messe pour goûter le corps et le sang d'un mec mort. C'est pas forcément le truc que tu mets en avant sur un profil Meetic. »
C'est en cela que ce spectacle, en plus d'être clairement destiné aux jeunes adultes quelle que soit leur foi ou incroyance, possède une valeur d'authenticité et de témoignage indéniable. Il est vraiment à voir. 
Pierre FRANÇOIS
(1) On peut le lire sur http://www.spiritualite2000.com/2014/04/je-danserai-pour-toi/
« Je danserai pour Toi », de et avec Sophie Galitzine, assistée de Jean Franco. Mise en scène : Violaine Arsac. Chorégraphe : Stéphane Vernier. Décors : Caroline Lowenbach et Marc Ginière. Lumières : Stéphane Baquet. Jeudi et vendredi à 19 h 45 jusqu'au 11 novembre au Théâtre Essaïon, 6, rue Pierre au lard, 75004 Paris, tél. 01 42 78 46 42, http://essaion-theatre.com.

Photos : Pierre François (une), Clémentine Houdart (article).

4 réflexions au sujet de « Théâtre, danse : « Je danserai pour Toi », de Sophie Galitzine, à l’Essaïon à Paris. »

  1. Ping : Je danserai pour Toi – Le Samaritain

  2. ……..un certain Paul de Tarse qui n'ayant jamais mis ses pas dans la poussière de ceux du Christ a le culot de dire que « moi aussi, j'ai l'Esprit de Dieu » (1 Co 7, 40) pour verrouiller une argumentation……Pierre Francois

    POUR L'HONNEUR DE SAINT PAUL 

    Monsieur, dans la Deuxieme Epitre aux Corithiens Chap 12, Verset 2, vous pouvez lire ceci: 

    "…Il faut se vanter? -cela ne vaut rien pourtant- eh bien! J'en viendrais aux visions et révélations du Seigneur. Je connais un homme dans le Christ qui voici quatorze ans, -était-ce en son corps ? je ne sais ; était-ce hors de son corps? Je ne sais; Dieu le sait – cet homme-là, -était-ce en son corps? etait-ce sans son corps? je ne sais; Dieu le sait – je sais qu'il fut ravi aux paradis et qu'il entendit des paroles ineffables qu'il n'est pas permis à l'homme de redire. "Pour cet homme-là je me glorifierai ; mais pour moi. je ne me glorifierai que de mes faiblesses. Oh si je voulais me glorifier, je ne serais pas fou; je ne dirais que la vérité.  Mais je m'abstiens, de peur qu'on ne se fasse de moi une idée supérieure à ce qu'on voit en moi ou ce qu'on m'entend dire".

    Il n'y a pas davantage d'orgueil chez Saint Paul que chez son divin Maitre. Lorqu'on évoque l'inerrance de la Bible, il ne s'agit pas de coquilles typographiques, mais de conformité a la Verite, qui -je ne vous apprends rien- est une personne : Notre Seigneur Jesus-Christ.

    Quant à la conversion de Mme Sophie Galitzine, il faut se rejouir qu'une âme retourne à notre mère l'Eglise. Cela dit, je me permettrais de remarquer que  la beauté de ses muscles dorsaux prime sur le petit chapelet que l'on decouvre in extremis dans entre ses doigts………Dieu est un Dieu jaloux. Son nom est Jaloux. Il a horreur de partager notre coeur.

    Bonne continuation.

  3. Réponse :
    Monsieur,
    Je connais parfaitement le passage que vous citez pour avoir eu la même écharde dans ma chair que saint Paul.
    Relisez moi : je n’ai jamais prétendu que saint Paul fût orgueilleux.
    Et je déteste les procès d’intention !
    Quant à vous propos sur la plastique comparée de la comédienne et du chapelet qu’elle tient, chacun regarde ce qui l’intéresse.
    Union de prière quand même.
    Pierre

  4. L'orgueuil de Saint Paul : c'est le Christ 

    Dansons pour Lui ….. avec Sophie ….  avec Castille … avec Pierre François 

    Ceux qui parlent pour nous ne peuvent pas être contre nous 

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